Les Bretons ont l’habitude des tempêtes. Alors que les vedettes de la “Trégor Valley”?” Alcatel Optronics, Lucent et Highwave Optical Technologies ?” licencient en masse, le pessimisme n’est pourtant pas de mise. La crise des télécoms concernerait surtout les sites de production en fibre optique et téléphonie mobile, et non les sites de R&D, grands consommateurs de matière grise et source de compétitivité pour les opérateurs. Pour Gérard Baubau, directeur de la Meito (Mission pour l’électronique, l’informatique et les télécommunications dans l’Ouest), “le marché des télécoms reste un bon créneau et devrait repartir d’ici à la fin de l’année”. Reste que le recul des télécoms a entraîné, en un an, une baisse de moitié des offres d’emploi en Bretagne.Heureusement, alors que l’agroalimentaire reste prégnant dans la région, la Bretagne et les Pays de la Loire poursuivent leur rééquilibrage en faveur des services et des NTIC. Ces vingt dernières années, les métropoles du Grand-Ouest ont su se spécialiser par domaine de compétences en créant un cercle vertueux enseignement-recherche-industrie. La quantité de technopoles ?” Atlanpole, Anticipa, Rennes-Atalante, etc. ?” en témoigne. Ainsi que le nombre et la qualité des écoles et universités, comme l’ENSTB ou le Cnam.
L’informatique sous-représentée en Normandie
Du coup, les métiers liés au développement logiciel, aux progiciels ou aux systèmes et réseaux se maintiennent, voire progressent, essentiellement tirés par les SSII, puis la banque-assurance et le travail temporaire. Les projets de type SGBD/progiciels reviennent de droit aux Pays de la Loire, en raison de “la présence, au Mans, de sièges sociaux de banques-assurances”, explique Gwenaëlle Hervé, responsable communication et développement du site OuestJob. Plombée par l’industrie lourde et la pétrochimie, la Normandie fait, elle, pâle figure. La fonction informatique y est sous-représentée : 10 % de la population cadre, contre 24 % en Bretagne et 16 % en Pays de la Loire (Apec ; 2000). Cette dichotomie se retrouve dans les flux migratoires. “Rennes ou Nantes offrent une qualité de vie et de bonnes écoles pour les enfants. Inversement, Rouen souffre de la proximité de Paris, mais aussi d’un problème de positionnement”, résume Bertrand Hébert, directeur régional de l’Apec. Caen s’en sort un peu mieux en capitalisant sur des sociétés à fort potentiel de croissance ?” Highdeal, Netcentrex. “Nous essayons de retenir les étudiants en région en finançant des stages en entreprise”, souligne Stéphane Bresson, chargé de mission TIC au Centre des technologies nouvelles (CTN).Une démarche d’autant plus louable que les perspectives d’emploi dans le Grand-Ouest sont réelles. Sur trois mille entreprises sondées, la Chambre régionale de commerce et d’industrie de Bretagne a relevé trois mille six cent quatre-vingt-dix besoins d’informaticiens. De niveau bac + 2 à bac + 6, la majorité des offres concerne des postes cadres, et ce sont les PME qui tiennent le haut du pavé.Du côté des SSII, le rythme annuel de recrutement semble maintenu. Sodifrance prévoit quelque quatre-vingt-dix embauches en région, et Ausy soixante pour ses agences de Rennes, Nantes et Caen. Avec toutefois le risque de se voir confier une mission à l’autre bout de la France. Le comble pour un Parisien qui aurait fait le choix de venir respirer l’air du large…
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