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FnacLe.com lui va comme un gant

Depuis 1999, l’agitateur culturel a transféré en ligne son expérience des bacs et des rayons. Avec succès. Le chiffre d’affaires de Fnac.com le classe au top des cybermarchands français. La rentabilité approche.

“Ma petite entreprise ne connaît pas la crise…” Le PDG de Fnac.com, Jan Löning, peut fredonner la chanson de Bashung. Lancé en 1999 par son prédécesseur, Jean-Christophe Hermann, le site internet de la chaîne de magasins culturels est aujourd’hui l’un des cybermarchands préférés des internautes français, avec son rival Amazon.fr. La notoriété de la marque Fnac ?” 48 ans d’âge ?” et les centaines de milliers de sacs en plastique estampillés Fnac.com distribués aux clients des 60 magasins du groupe y sont sans doute pour quelque chose.Mais l’entreprise Fnac.com (en réalité Fnac Direct) commence aussi à peser son poids sur le plan financier. En intégrant l’activité des sites affiliés, Eveiletjeux.com et Surcouf.com, son chiffre d’affaires devrait passer le cap des 80 millions d’euros en 2002, contre 40 en 2001, ce qui en fait le numéro 1 du secteur en terme de chiffre d’affaires effectif. Pourtant, 80 millions d’euros, c’est à peine 2 % de l’activité du groupe Fnac (3,35 milliards d’euros de CA en 2001), soit ce que génère un magasin moyen de la chaîne. Depuis son arrivée aux commandes de Fnac.com, au printemps, Jan Löning s’est d’ailleurs fixé comme premier objectif “de faire autant de chiffre que la Fnac Forum des Halles [à Paris, ndlr], notre plus grand magasin”. Histoire de prouver aux autres barons du groupe Pinault Printemps Redoute (PPR) que la vente en ligne, c’est du sérieux. Il se dit convaincu que, à terme, Fnac.com contribuera “pour 10 % au chiffre d’affaires de la Fnac “.

Rivaux de poids

Quand ? “Tout dépendra de la rapidité de la pénétration de l’internet dans l’ensemble des foyers français”, répond-t-il prudemment. En attendant, après quatre ans d’existence, Fnac.com revendique déjà le titre de “site leader du commerce électronique en France “. Les challengers ne manquent pourtant pas sur les deux créneaux de prédilection de “l’agitateur culturel “. Dans le domaine des biens culturels, les deux concurrents les plus sérieux sont Amazon.fr, la filiale française du géant américain qui ne communique pas ses résultats financiers, et Alapage, la boutique de Wanadoo (17 millions d’euros de chiffre d’affaires au 1er semestre 2002). Dans le secteur des produits high-tech, les sites sont légion, mais le plus important est Rueducommerce.com (CA estimé à environ 40 millions d’euros). “Nous ne cherchons pas particulièrement à gagner des parts de marché sur la concurrence, notre première cible, ce sont les Français qui découvrent la vente sur internet”, affirme Jan Löning.Mais Fnac.com ?” qui a bénéficié d’un investissement massif de la part du groupe PPR (45 millions d’euros de 1999 à 2001) ?” entend bien continuer à faire la course en tête : “Malgré le fait que nous nous rapprochons de la taille critique, notre site affiche toujours un taux de croissance annuel proche de 100 %.” Soit parfaitement en adéquation avec le boom de l’e-commerce en France. Selon l’Acsel (l’Association pour le commerce et les services en ligne), les ventes en ligne des onze premiers sites marchands hexagonaux ont fait un bond de 109 % l’an dernier, à 7,1 millions de transactions… Alors que l’ensemble des ventes de détail ne progressait que de 2,1 %, selon l’Insee.Malgré la crise et le ralentissement de la consommation des ménages, 2002 s’annonce au moins à la hauteur de l’exercice précédent. Le patron de Fnac.com met ainsi en avant les “30 millions d’euros de chiffre d’affaires réalisés au premier semestre 2002 et un second semestre qui s’annonce encore meilleur avec Noël.” Jan Löning égrène volontiers les statistiques : 1 million de références produits, plus de 100 000 visiteurs uniques par jour, 50 millions de pages vues par mois… Mais, comme ses concurrents, il reste très discret sur le nombre de clients dûment enregistrés (secret industriel) et sur les transactions effectives qui atteindraient 1 million en 2001, selon nos informations.Si Fnac.com bénéficie encore aujourd’hui d’une longueur d’avance face à la plupart des pure players, c’est sans doute parce qu’il s’agit de l’un des seuls acteurs du marché représentatif de ce que les Américains appellent le click and mortar. Autrement dit, l’alliance très efficace d’un site internet spécialisé dans la vente directe et la puissante logistique d’un grand de la distribution traditionnelle.

Sans cadeau à la livraison

Situés dans les Magasins généraux de Paris, Porte d’Aubervilliers, les entrepôts de Fnac.com qui emploient 160 salariés (plus une centaine d’intérimaires pour les fêtes) existaient ainsi avant le site : ils peuvent livrer 100 000 références en 24 heures ! Son concurrent Amazon.fr a dû créer ex nihilo ses entrepôts de Boigny, du côté d’Orléans, un investissement supplémentaire pour la maison mère américaine.Fnac.com bénéficie par ailleurs du relais permanent des 60 magasins Fnac (chacun aura bientôt son minisite dédié) : autant de clients potentiels pour la vente en ligne ! “Notre concept clic et magasin constitue un véritable avantage concurrentiel”, reconnaît volontiers Jan Löning.Seul problème : les frais de livraisons… Contrairement à Amazon.fr (qui les offre à partir de 20 euros d’achats) et à Alapage (totalement gratuits à la rentrée), Fnac.com se refuse à en faire systématiquement cadeau… quitte à prendre le risque de perdre des clients. Cet été, grâce à son agressivité commerciale, Amazon.fr serait devenu, selon Nielsen/Net Ratings, le site d’e-commerce le plus fréquenté de l’Hexagone avec plus de 2 millions de visiteurs uniques, soit deux fois plus que le site de la Fnac !“Quand la gratuite des frais de port dure des mois, j’appelle cela du dumping”, tempête Jan Löning, pour qui “la livraison à domicile a un prix et un coût car c’est un vrai service à valeur ajoutée pour le consommateur.” Mais le patron de Fnac Direct n’est pas trop inquiet : “Il y a une véritable culture Fnac du conseil et de l’animation culturelle, et nos clients y sont fidèles.” Et puis, quand viendra l’heure des comptes, “Fnac.com sera comme prévu à léquilibre fin 2003-début 2004. Je ne pense pas que nos concurrents pourront en dire autant…”, ironise-t-il.

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Jean-Christophe Feraud