Ignite, la filiale solutions Internet et réseau de British Telecom, a acquis la totalité du capital de Fluxus (ex-FranceNet), pour un montant qui n’a pas été communiqué.L’entreprise française, active depuis 1996 dans les services d’hébergement, la création de sites et l’intégration de solutions perd donc son indépendance et rejoint la division Content Hosting (hébergement) d’Ignite.
Une vente qui suit l’échec de l’entrée en Bourse
” Les propositions de rachat n’ont jamais manqué depuis 1996, commente Rafi Haladjian, président et fondateur de Fluxus. Mais notre option principale était plutôt de conserver notre indépendance par une introduction en Bourse. Nous avons fait une tentative et demi en ce sens (voir encadré, NDLR). Les circonstances nous ont amenés à penser que ce n’était pas une bonne solution. Donc, nous nous sommes tournés vers les propositions d’opérateurs. “Pourtant, Fluxus connaissait une croissance soutenue : le chiffre d’affaires a progressé de 20 millions de francs en 1998 à 36,5 millions de francs en 1999. L’entreprise avait annoncé des prévisions de 85 millions de francs pour l’an 2000, mais les chiffres définitifs n’ont pas été communiqués.
L’hébergement : une activité coûteuse
La cession intervient dans un contexte défavorable à tous les professionnels.” Nous n’avons souffert que faiblement du ralentissement de l’activité des derniers mois. De 70 à 80 % de nos clients sont des grands comptes qui continuent à grossir malgré la crise des start-up, explique Rafi Haladjian. Et c’est bien le problème auquel nous sommes confrontés. Nos activités de service ou de web agency peuvent évoluer tranquillement à leur rythme. Mais, lorsqu’elle réussit, l’activité d’hébergement demande des investissements matériels importants. Il faut offrir plus de place aux clients dont les installations évoluent. L’espace moyen occupé a été multiplié par 20 en l’an 2000. Et les Data Centers sont coûteux. “Emmanuelle Olivié-Paul, directeur associé du cabinet d’analyse Markess International confirme : ” Fluxus faisait partie des derniers indépendants purs, tous les autres grands noms de l’hébergement d’applications e-business complexes sont appuyés sur une structure de groupe, SSII, opérateur ou ISP (comme Worldnet racheté par Kaptech, NDLR). Rester indépendant aujourd’hui est de plus en plus difficile dans ce domaine. Les entreprises clientes ont des exigences élevées en termes de qualité des infrastructures et de disponibilité. De plus, à défaut d’entrée en Bourse, Partech et AGF Private Equity, les deux investisseurs de Fluxus, étaient sans doute soucieux de rentrer dans leurs fonds. “
Ignite doit permettre à Fluxus de conserver son métier
Fluxus a été en discussion avec plusieurs opérateurs internationaux, selon Rafi Haladjian. Le choix s’est finalement porté sur Ignite, filiale de British Telecom qui assure des services d’hébergement grâce à ses 25 centres de données (Royaume-Uni, Allemagne, Irlande, Italie, Japon, Pays-Bas, Espagne, Suède, Suisse…) et exploite les dorsales IP de British Telecom pour ses services réseau (voir encadré). Ignite ne disposait pas encore d’installations en France.” BT Ignite n’est pas qu’un opérateur qui considère l’hébergement comme un simple moyen de vendre ses tuyaux. C’est une entreprise qui offre des services d’intégration et du conseil, tout comme nous. Ainsi, Fluxus restera Fluxus au sein d’Ignite “, commente Rafi Haladjian.Car l’acquisition n’aura pas de conséquences négatives sur Fluxus : la stratégie, le métier et le personnel restent en place, et les services d’hébergement bénéficieront désormais d’une présence globale appuyée sur le réseau de British Telecom.
La disparition des hébergeurs indépendants
” Cette acquisition est à replacer dans un contexte, analyse Emmanuelle Olivié-Paul. D’abord, le marché de l’hébergement externe d’applications est très atomisé et il va entrer dans une phase de resserrement. Ce marché est l’objet d’une lutte entre, d’une part, les opérateurs, qui connaissent bien l’infrastructure et doivent prouver qu’ils sont compétents pour l’applicatif, et, d’autre part, les SSII spécialisées dans l’externalisation, qui maîtrisent les applications, mais rarement l’accès. Avec Fluxus, BT Ignite va tenter de se faire un nom dans les services applicatifs. Reste à voir si l’intégration se déroulera bien. “En tout cas, avec le rachat de Fluxus, il ne reste plus qu’un indépendant en France : Integra, coté en Bourse mais en quête d’un partenaire puissant qui puisse absorber son gros passif.Quant à savoir si ce mouvement de disparition progressive des indépendants est une fatalité, Rafi Haladjian n’y croit pas : “C’est une affaire de circonstances économiques. Si nous avions eu d’autres sources de financements, nous serions restés indépendants.”
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