En avril 2010, Steve Jobs était l’auteur d’une des plus importantes saillies contre Flash. Dix ans après, le souhait de Steve Jobs sera exaucé. Adobe a en effet annoncé ce 25 juillet que son format Flash ne sera plus distribué et ne connaîtra plus de mise à jour à partir de 2020.
La lettre ouverte avait été le début de la fin du format animé et interactif d’Adobe, racheté à Macromedia en 2005. Steve Jobs y conspuait le format hérité « de l’ère des PC ». Il s’érigeait en fer de lance d’une certaine partie de l’opinion qui considérait Flash comme pas assez sécurisé, trop lent, trop gourmand en ressources et donc réduisant l’autonomie des appareils mobiles. Certains développeurs attribuaient quant à eux la faute aux plus mauvais d’entre eux qui n’exploitaient pas assez bien les nombreuses ressources du format.
Après la guerre, une transition en douceur
Mais l’influence du patron d’Apple a clairement payé dans cette croisade anti Flash. Au point que le navigateur Safari d’Apple n’a jamais inclus le support de Flash sur iOS. Sur macOS, le plugin n’est plus installé par défaut et une autorisation d’exécution est systématiquement demandée à l’utilisateur qui aurait choisi de l’installer par lui-même.
Des initiatives limitatives avaient également été prises par Google, au point que selon le géant de Mountain View seuls 17 % des utilisateurs de Chrome visitent encore des sites utilisant du Flash, contre 80 % il y encore trois ans.
L’annonce d’hier d’Adobe est accompagnée de déclaration de bonne volonté de la part d’Apple, Google, Facebook, Microsoft et Mozilla. Cela montre que la société veut assurer une transition en douceur dans l’année et demi qui vient. Les navigateurs respectifs de ces éditeurs sont concernés, tout comme les nombreux jeux Facebook, dont le très populaire Candy Crush Saga.
Un format très populaire dans l’animation
S’il le plugin Flash sera définitivement absent de nos ordinateurs d’ici 2020, le format en lui-même ne disparaîtra pas pour autant. Il reste très utilisé par les créatifs en tout genre. « Il faut bien comprendre que Flash est un format transversal, c’est d’ailleurs peut-être pour cela qu’il a souvent été mal perçu », nous explique Wilfrid Pommarat, motion designer et « flasheur » depuis une quinzaine d’années.
« Le Flash ne se limite pas au seul plugin intégré aux navigateurs, il permet aussi à de nombreux créatifs de mettre en forme leurs œuvres », précise-t-il. Qui sait par exemple que le dessin animé Valse avec Bachir ou certains génériques de Pixar sont créés avec Animate CC ? Ce logiciel d’animation d’Adobe, basé sur Flash et son langage ActionScript, est en effet une solution très appréciée dans ce métier.
Le Web n’aurait pas été le même sans Flash
Une mise en perspective qui rappelle d’ailleurs les beaux jours du format entre la fin des années 90 et le début des années 2000. Les sites Web statiques et tristes d’alors commencent à intégrer enfin des menus animés. Mais les créations les plus impressionnantes viennent d’artistes numériques qui n’auraient jamais pu créer leurs œuvres sans Flash.
Dans le domaine du dessin animé, les plus anciens d’entre nous se souviennent certainement de la série Happy Tree Friends, créée exclusivement en Flash. YouTube a également pu émerger grâce au support de la vidéo par Flash à partir de 2002.
« Animate CC a clairement le vent en poupe dans le monde créatif. Ce n’est pas un problème si le plugin Flash disparaît, car le logiciel permet d’exporter aussi bien en OpenGL, SVG, HTML5 ou même en vidéo 4K », analyse Wilfrid Pommarat.
S’il tirera bel et bien sa révérence sur nos machines, Flash restera présent encore longtemps dans nos mémoires et surtout sur les ordinateurs des créatifs.
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