“En 1930, une minute de communication téléphonique entre New York et Londres coûtait l’équivalent de 300 dollars d’aujourd’hui, alors qu’il faut seulement débourser quelques cents en 2002. La production d’un mégahertz d’électricité revenait à 7 600 dollars en 1970, contre seulement 17 cents trente ans plus tard. Enfin, l’envoi ces jours-ci par messagerie électronique d’une masse de documents qui représenterait l’intégralité des ouvrages réunis à la bibliothèque du Congrès américain ne serait facturé que 40 dollars.” Ces quelques données chiffrées, enthousiastes à l’égard du progrès technologique, sont issues de l’édition 2002-2003 du rapport que l’Organisation des nations unies pour le développement industriel (Onudi) vient de consacrer à l’innovation (1).Ce document paraît quelques jours à peine après la note rédigée cet été par Tamim Bayoumi et Markus Haacker pour le compte du Fonds monétaire international (FMI)(2). Les deux auteurs tentent d’y analyser l’impact des technologies de l’information et de la communication (TIC) sur les économies nationales. Qui a dit que le secteur high-tech n’intéressait plus personne ? Sûrement pas les analystes de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) qui étudient dans une note diffusée à la fin août “La Contribution des TIC à la croissance économique de neuf pays de l’OCDE”
(3). À croire qu’ils se sont passé le mot, puisque ces travaux interviennent à un moment crucial pour les entreprises de la sphère technologique.
Les cinq glorieuses
Après les années folles de l’internet, tout ce qui semble de près ou de loin lié au réseau des réseaux est montré du doigt et forcément remis en cause. Une désaffection à la hauteur de l’engouement que les TIC avaient suscité à la fin des années quatre-vingt-dix. L’intérêt de ces rapports est de montrer de manière distanciée que les technologies ne méritent pas que des reproches, et qu’au-delà des errements de la spéculation lors de la bulle internet, elles contribuent nettement à la prospérité économique.Lourdeur administrative oblige, ces trois organisations gouvernementales (OCDE, ONU et FMI) ne fournissent pas de données très récentes. En effet, leurs enquêtes, même si elles sont publiées à la fin du troisième trimestre 2002, portent essentiellement sur la période 1995-2000. Grâce à elles, on dispose néanmoins d’éléments plus rationnels pour examiner le phénomène high-tech. “Dans la première moitié des années quatre-vingt-dix, on peut considérer que le secteur des technologies de l’information a contribué chaque année de 0,2 à 0,5 % au taux de croissance des neuf principales économies de l’OCDE, à savoir l’Australie, le Canada, la Finlande, la France, l’Allemagne, l’Italie, le Japon, le Royaume-Uni et les États-Unis. À partir de 1995, l’apport annuel représente 0,3 à 0,9 % selon les pays”, écrivent Allessandra Colecchia et Paul Schreyer, les coauteurs de l’étude menée au nom de l’organisation économique.
Miser et dynamiser
Grâce aux experts du FMI, on apprend qu’en 2000, les dépenses en matière de technologies de l’information représentaient 1,7 % du produit intérieur brut français. Pour mémoire, le PIB s’élevait cette année-là à quelque 1 400 milliards d’euros. Dans le même temps, les Britanniques lui consacraient 2,1 % de leur PIB et les Américains, jusqu’à 2,4 %. Des scores qui ne sont pas sans conséquences. Ainsi Singapour, dont les investissements high-tech représentaient 2,7 % du PIB, soit le pays le mieux placé en ce domaine après la Corée du Sud, arrive en tête du classement des Nations unies en ce qui concerne les performances industrielles.En effet, l’Onudi vient de répertorier les économies nationales en fonction de leur compétitivité. Premier de ce palmarès réalisé à partir des données macro-économiques de 1998 : Singapour, qui occupait la sixième place treize ans plus tôt. Autre bon élève : l’Irlande, qui passe du 15e au 3e rang entre 1985 et 1998. La France, elle, régresse doucement en glissant de la 10e à la 11e position. Pas de quoi pavoiser.(1) Texte intégral accessible sur www.unido.org/doc/511836.htmls
(2) À consulter sur www.imf.org/external/pubs/ft/wp/2002/wp02117.pdf
(3) Disponible sur www.oecd.org
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