Facturés au prix fort, les appels fixes vers les mobiles, ou appels entrants, sont, en France, parmi les plus élevés d’Europe. Depuis 1991, ils ont servi à financer le développement de la téléphonie mobile. Et, selon l’Autorité de régulation des télécoms (ART), ils auraient contribué jusqu’à un tiers du chiffre d’affaires des trois opérateurs mobiles. Or, demain, cette manne sera sans doute tarie.Le secrétaire d’Etat à l’industrie Christian Pierret vient, en effet, de modifier les licences des trois opérateurs GSM. D’une part, le prix de l’appel entrant sera issu de négociations entre l’opérateur fixe qui achemine l’appel et l’opérateur mobile qui le reçoit, et non plus imposé par ce dernier – actuellement sur un montant total de 2,38 francs en heures pleines, l’opérateur mobile s’arrogeait environ 1,80 franc.D’autre part, l’appel vers un mobile pourra être effectué en composant directement le préfixe d’un opérateur alternatif : le 46. . . , le 76…, ou le 96… et non plus obligatoirement le 06… Et les opérateurs à préfixe qui n’offraient pas les appels entrants seront désormais en mesure de proposer ce service. Tous les opérateurs devront donc se mettre à la table des négociations. France Télécom Mobiles et SFR, déclarés ” puissants ” l’an dernier (ils détiennent plus d’un quart du marché de l’interconnexion et de détail), devront orienter leurs tarifs d’interconnexion vers les coûts réels du marché. Quant à Bouygues Telecom, non ” puissant ” et exempté de cette contrainte, il devra – concurrence oblige – s’aligner.Ce nouveau régime devrait amener une baisse des appels fixes vers les mobiles. François Vivier, directeur des affaires réglementaires de British Telecom France, se risque à la chiffrer : “Aux heures de pointe, le prix de l’appel devrait passer de 2,38 francs ttc à 1,50 franc dans un délai raisonnable.”Pour Jean-Louis Constanza, directeur général de Tele2,“la baisse sera progressive et non brutale “. Tout dépend des efforts à la baisse que consentiront les opérateurs mobiles. Efforts que l’ART ne pourra pas valider, puisque, a contrario du fixe, les opérateurs puissants ne sont pas tenus de publier un catalogue d’interconnexion. Mais de nombreux clients n’ont pas attendu ces changements pour essayer d’appeler un mobile à moindre prix. Certaines entreprises utilisent des passerelles GSM qui convertissent les appels fixes vers mobiles en appels mobiles vers mobiles (voir l’encadré). Et permettent de payer le prix bien plus attractif d’un appel mobile-mobile. Selon SFR, de 20 à 30 % de leurs clients en entreprise auraient recours à ces passerelles derrière leur autocommutateur.Certains opérateurs, eux, font transiter les appels par l’étranger, car le prix de l’appel sur un réseau mobile est plus faible depuis l’étranger qu’à l’intérieur des frontières. Un système qui, de toute façon, va perdre toute pertinence, puisque l’ART a décidé de relever la charge d’interconnexion depuis l’étranger : de 69 centimes ttc à 1,05 franc, puis à 1,26 franc l’an prochain. C’est aussi pour contrer cette pratique que France Télécom a limité les appels depuis l’étranger. Le retour à la normale des appels entrants devrait donc mettre un terme à ces multiples acrobaties. A condition que les nouveaux tarifs les rendent vraiment caduques…
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