C’est assez paradoxal. Le principal chantier d’Orange en matière d’infrastructures dans les années à venir ne sera pas de terminer la couverture du territoire en fibre optique, la technologie fixe des dix années à venir. Il va être surtout mobilisé par la fermeture de son réseau cuivre, vieux de cinquante ans.
« Après une très forte accélération du déploiement de la fibre optique qui nous permet d’atteindre 68% des foyers français couverts aujourd’hui, on passe maintenant à une phase de décélération sur cette technologie. C’est le bon moment pour démarrer dès maintenant et progressivement le décommissionnement », a expliqué aujourd’hui la PDG d’Orange France Fabienne Dulac lors d’un point presse.
Le plan d’Orange pour y parvenir a été soumis à l’Arcep après un an et demi de travail, et est mis maintenant en consultation. Un sujet hautement inflammable, car il touche au quotidien de millions de Français qui restent dépendants de ce réseau dans certaines zones rurales ou moyennement denses.
L’opérateur historique va faire le grand écart entre le démantèlement du réseau par endroits et son entretien et sa réparation dans d’autres. Un processus de longue haleine.
Une première phase de transition
Nous sommes actuellement dans une phase de transition amorcée depuis 2020 et qui va s’étendre jusqu’en 2025. Les expérimentations se multiplient. Pour le moment, seul Lévis-Saint-Nom, dans les Yvelines, a déjà connu un démantèlement que nous avions pu observer sur place. Six autres communes testent actuellement l’arrêt de la commercialisation dans le Nord, les Ardennes, et en Ile-de-France.
Depuis 2021, la fermeture à l’adresse a également commencé. « Nous ne remplissons plus la baignoire», a expliqué de façon imagée Fabienne Dulac. Dans les immeubles déjà fibrés, et notamment ceux qui sont neufs, où au moins trois opérateurs sont présents avec des offres, Orange n’ouvre plus de nouvel accès au cuivre.
«Cela concerne déjà 15 millions de locaux ce mois de février, mais cela se fait de façon chirurgicale», a précisé encore la patronne d’Orange France. La fermeture commerciale sera achevée pour tout le territoire en janvier 2026.
L’accélération à partir de 2026
La deuxième phase qui s’étendra de 2026 à 2030 sera celle de l’accélération et de la fermeture technique. Un lot annuel de communes concernées par l’arrêt du service sera communiqué tous les ans avec une montée en puissance progressive des volumes concernés.
Mais le « débranchement » ne surviendra qu’après un délai réglementaire de 36 mois. Cela signifie que pour débuter en janvier 2026, les annonces interviendront dans un an. Les premiers territoires concernés n’ont pas encore été sélectionnés.
Durant la période des trois ans, un travail de communication et de relation client se mettra en place. Opérateurs commerciaux, élus et associations de consommateurs devront se mobiliser pour convaincre les abonnés un par un d’anticiper cet arrêt pour ne pas se retrouver sans moyen de communication et basculer sur une autre technologie. Fin 2030, il n’y aura plus aucun client sur le réseau cuivre dans toute la France.
Pour piloter ce chantier industriel avec toutes les parties prenantes, Orange propose de mettre en place une gouvernance qui soit à double niveau, national et local.
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Faut-il déposer le cuivre enfoui sous terre ?
Le tout s’achèvera par le démantèlement partiel des équipements et du réseau. « Nous allons déposer le cuivre aérien et le revendre mais pas forcément le cuivre en pleine terre ».
L’expérience de la Suède, qui a précédé la France sur le décommissionnement, aurait montré que cela pose des problèmes environnementaux de retirer les câbles enfouis sous terre. Le sujet est à l’étude.
C’est une sacrée page qui se tourne pour Orange qui va ainsi solder une partie de son patrimoine. Cet héritage était devenu coûteux et énergivore mais il lui permettait d’assurer une présence sur tout le territoire et l’avait rendu incontournable auprès de ses concurrents qui louaient son réseau. Même si son réseau de fibre optique maille déjà une bonne partie de la France, son assise filaire sera moindre à l’avenir. Il parie désormais sur un mix technologique allant jusqu’au satellite pour rester un opérateur de proximité.
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