‘ Dans la mesure où les opérateurs auront consenti un effort d’investissement considérable dans les infrastructures, ne serait-il pas justifié économiquement qu’une part des revenus additionnels leur
revienne ? ‘. Glissée en fin de discours lors d’un colloque sur ‘ Les champs de confrontation de l’audiovisuel de demain ‘, la question posée par le président de l’Arcep, Paul Champsaur, est
presque passée inaperçue. Pourtant, par cette déclaration inattendue, le régulateur des télécoms laisse entrevoir ce que pourraient être les futurs rapports entre opérateurs et fournisseurs de contenu audiovisuel. Car ces derniers seront, selon lui,
les premiers bénéficiaires des revenus des réseaux très haut débit.Déployé à petite échelle par des pure players comme Erenis et activement préparé par des opérateurs tels que France Télécom ou
Free, l’accès à Internet par fibre optique (FTTH) fournira un débit minimal de 50 Mbit/s aux particuliers. Mais le cadre réglementaire nécessaire pour le déployer à grande
échelle n’est pas encore bouclé. Cette tâche, qui incombe notamment à l’Arcep, est complexe, car les investissements nécessaires sont autrement plus élevés que pour déployer de l’ADSL : construction de tranchées, pose de fourreaux, câblages des
immeubles…Dans une ville dense telle que Paris, le coût du raccordement d’un abonné s’élèverait à 2 000 euros. Un investissement qui risquerait de peser trop lourdement sur le prix des forfaits à très haut débit proposés aux abonnés. Il
faut donc trouver des solutions pour partager les coûts. L’Arcep a déjà émis des propositions, exhortant les opérateurs à mutualiser leurs infrastructures, avec l’appui des collectivités locales. La solution pourrait aussi venir des fournisseurs de
contenu, qui reverseraient une partie de leurs revenus aux opérateurs. Reste à voir comment serait appliqué concrètement ce modèle économique.
La neutralité du Net en question
Le président de l’Arcep justifie cette proposition en rappelant que ‘ les services axés sur la mise à disposition de contenus (télévision haute-définition, vidéo à la demande) et les revenus liés à l’image
représenteront certainement la source la plus crédible de revenus ‘ pour ces nouveaux réseaux. Pour l’heure, l’idée ne semble pas susciter d’écho ni chez les fournisseur d’accès, ni chez lesdits fournisseurs de contenu.Même les consultants de l’Idate (Institut de l’audiovisuel et des télécommunications en Europe) sont circonspects. ‘ Cela reviendrait à dire qu’une chaîne de télévision doit participer à l’installation d’antennes
sur le toit des téléspectateurs…, s’interroge Laurent Michaud, consultant en contenu numérique. Il est plus légitime que les FAI participent à la production audiovisuelle [comme
France Télécom, NDLR], plutôt que les éditeurs de contenu investissent dans des réseaux ‘. Economique ou politique, la convergence entre le monde des télécoms et celui des contenus n’en est qu’à ses débuts. Elle créé d’ailleurs
la polémique aux Etats-Unis, où la neutralité même d’Internet est remise en question. Un projet de loi pourrait autoriser les FAI à y mettre en place des débits à péage, offrant une
plus grande bande passante aux gros fournisseurs de contenu. Le récent passage sous contrôle démocrate du Sénat américain, qui doit examiner le projet, pourrait bien faire barrage à cette remise en cause de la ‘ Net
neutrality ‘.
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