Entre 2012 et 2017, la France est parvenue à déployer de la fibre de bout en bout pour 10,9 millions de locaux (foyers et entreprises). Le problème, c’est qu’il en reste 20 millions à rendre éligibles pour tenir l’objectif du Très Haut Débit pour tous d’ici 2022, conformément aux vœux du gouvernement. Il va donc falloir sacrément accélérer la cadence d’ici là et passer de 2,5 millions de lignes à plus de 4,5 construites par an. Est-ce possible ? Collectivités locales et industriels l’assurent comme nous avons pu le constater la semaine dernière lors de la présentation de l’Observatoire du Très Haut Débit auquel participaient la FIRIP (fédération des industriels des réseaux d’initiative publique), la Caisse des Dépôts, l’AVICCA (Association des villes et collectivités pour les communications électroniques et l’Audiovisuel) et Idate Digiworld.
Rappelons que la France a été divisée en trois zones obéissant à des réglementations différentes. En Zone très Dense (ZTD), les opérateurs sont libres de déployer et de se concurrencer car ce sont les territoires les plus rentables. La zone AMII (Appel à manifestation d’intention d’investissement), une zone moins dense d’initiative privée, a fait l’objet d’un partage du déploiement entre Orange et SFR. Enfin, les RIP sont des réseaux d’initiative publique initiés en zone moins dense où la population est la plus dispersée et souvent rurale.
Les gros opérateurs nationaux débarquent dans les RIP
Il y a peu encore, l’Arcep tirait la sonnette d’alarme sur le retard du déploiement pris dans la zone AMII, mettant en garde l’année dernière Orange et SFR sur leurs engagements. Le ton a changé. « Ils sont en train de rattraper leur retard et nous disposons d’engagements fermes pour une liste de 3500 communes », a reconnu Monique Liebert-Champagne, membre du collège de l’Arcep. Dans les RIP aussi, la satisfaction est de mise. Les niveaux de couverture seraient finalement meilleurs et plus rapides que prévus puisque 11 millions de lignes FttH ont été contractualisées et financées pour fin 2022 contre 9 millions envisagées. Encore mieux, les gros opérateurs nationaux comme Bouygues Telecom, SFR, Free et Orange montrent de nouvelles ambitions commerciales sur ces territoires.
Si les zones ZTD et AMII seront bien achevées à 100 % d’ici fin 2022, il restera toujours 38% des RIP qui ne bénéficieront pas de la fibre d’ici la même date. C’est loin d’être négligeable puisque 6 millions de foyers et entreprises sont concernés. C’est là qu’entre en jeu le fameux mix technologique composé d’une montée en gamme du cuivre, de THD Radio, de box 4G et de satellite. Le guichet pour subventionner l’équipement des Français concernés ne sera ouvert qu’à la fin de cette année ou début 2019. Quant au satellite offrant du THD, il ne sera pas opérationnel avant 2021. Pas sûr, en revanche, que ces solutions ne soient que temporaires, le gouvernement refusant de se prononcer sur un objectif final avec de la fibre pour tous.
La France comptera, si tout va bien, 30,8 millions de lignes FttH en 2022. 83% des Français auront donc accès à cette technologie. Pas mal pour un pays dont la population est très inégalement répartie et dont le relief est parfois accidenté. Pour comparaison, la Grande-Bretagne ne prévoit de compter que 15 millions de lignes fibrées … en 2025, toujours selon l’Observatoire du Très Haut Débit 2018.
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