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Le fiasco Siri : la crise interne qui secoue Apple

Les fonctions d’Apple Intelligence permettant à Siri de personnaliser ses réponses ont été reportées à des jours meilleurs, alors qu’elles devaient apparaitre durant le cycle d’iOS 18. Cet accident industriel est le symptôme d’un fiasco organisationnel et d’une débâcle stratégique, d’après une enquête qui révèle les coulisses de l’assistant.

C’est la crise chez Apple, depuis l’annonce du report à 2026 des fonctions qui devaient permettre à Siride puiser dans les données des applications et « lire » l’écran de l’utilisateur pour donner des réponses plus personnalisées. Le constructeur, qui a beaucoup communiqué sur son assistant dopé à Apple Intelligence pour vendre des iPhone 16, a discrètement retiré une publicité sur le sujet et fait désormais face à une plainte pour publicité mensongère.

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Une enquête du site The Information, qui s’appuie sur les témoignages de plusieurs sources internes, éclaire ce fiasco d’un jour nouveau, en dévoilant les coulisses du développement de Siri. Et ce n’est pas glorieux !

Ce qu’on retient en particulier est l’animosité envers l’équipe en charge de l’assistant emmenée par John Giannandrea, grand patron de l’IA chez Apple, et Robby Walker, son bras droit qui s’occupe du développement au jour le jour. Ce dernier est jugé peu ambitieux en interne et trop focalisé sur les améliorations mineures. Quant à Giannandrea, transfuge de Google, sa gestion managériale « à la cool » tranche avec les exigences de Craig Federighi, à la tête de l’ingénierie logicielle.

Les tensions entre les équipes IA et celles du logiciel seraient anciennes : manque de coordination, rivalités culturelles, divergences de style managérial et conflits sur la direction à prendre, des problématiques qui ont explosé suite aux difficultés de l’intégration d’Apple Intelligence dans Siri. L’assistant aurait longtemps été considéré comme un « citoyen de seconde zone » au sein d’Apple, un projet instable, passant d’une division à l’autre sans direction bien définie.

Face à l’avènement de ChatGPT et l’essor fulgurant d’autres modèles d’IA générative, Apple a été lente à la détente. Tandis que l’équipe de Craig Federighi explorait déjà l’intégration de modèles comme ceux d’OpenAI, celle de Giannandrea restait sceptique, freinée par les principes de confidentialité d’Apple et une culture interne rétive au changement.

Apple Intelligence Siri
© Apple

En juin dernier, durant la WWDC, le constructeur présentait une démo du nouveau Siri, capable de répondre à des questions très complexes nécessitant une parfaite connaissance des informations personnelles de l’utilisateur et une intégration profonde avec les applications. De la science-fiction pour les développeurs de Siri à l’époque : il n’existait aucune version fonctionnelle d’une telle fonction !

Cette fonctionnalité de personnalisation aurait tout de même fini par être implémentée, mais de l’aveu même de Robby Walker qui l’a déclaré durant une réunion, Siri donne de bons résultats « environ deux fois sur trois »… Largement insuffisant face à ChatGPT, Gemini ou Copilot qui carburent à toute allure (en hallucinant parfois, certes).

Lire Apple reconnait en interne que les retards de Siri sont « horribles et embarrassants »

Après l’annonce du report, Apple a réorganisé la division de John Giannandrea à qui on a retiré le développement de Siri, revenu au sein de la structure emmenée par Craig Federighi. C’est Mike Rockwell qui a plus spécifiquement repris en main les destinées de l’assistant. L’homme idéal pour le job : c’est lui en effet qui a sauvé des eaux le projet Vision Pro, menacé par l’enlisement.

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Source : The Information


Mickaël Bazoge