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Feu Musicbox.fr fait encore du bruit

Musicbox.fr, le nom de cet ancien site de vente en ligne, disparu en mai 2002, sonne de façon funeste aux oreilles des Editions Atlas. Celles-ci ont en effet été reconnues coupables par la cour d’appel de Rouen dans le litige qui les opposait à l’autre actionnaire de Musicbox Interactive, le fonds d’amorçage Seeft Management. Récit d’un jackpot surprenant.

L’affaire Musicbox.fr recèle tous les ingrédients du conte de fée qui se transforme en cauchemar. Créé en octobre 1999 par Corinne Gillet, ce site se spécialise dans la vente au prix de gros de CD audio, dans un premier temps, puis de DVD. A l’époque, l’euphorie autour des sites de commerce électronique, bat son plein.

Un départ en fanfare

Dès le début de l’aventure Musicbox.fr, l’entreprise de Corinne Gillet est soutenue par le fonds d’amorçage Seeft Management, qui a pris 30 % du capital, en contrepartie d’un investissement de 300 000 euros. Trois mois plus tard, en janvier 2000, entre en scène l’acteur appelé à jouer un rôle crucial dans cette drôle de pièce : les Editions Atlas. Celles-ci font part à Corinne Gillet de leur intérêt pour son site.L’éditeur de collections aussi diverses que l’empire napoléonien, les fiches ” éveil ” ou le Grand Atlas des pays du monde, sort en effet de plusieurs mois de discussions inabouties avec le site Cdiscount.com, et poursuit une politique d’investissements externes (prises de participation dans Blackorange.com) et internes (lancement des sites 1-43.com et Cvendredi.com).” A ce moment-là, la proposition des Editions Atlas tombait bien au plan financier, reconnaît Corinne Gillet. De plus, l’expérience du groupe dans la vente par correspondance ou la gestion des fichiers clients représentait un plus pour nous. Enfin, Atlas manifestait déjà son souhait de s’investir à long terme. “

Actionnaires en bisbille

La négociation est rapide, et pour 1,14 million d’euros (7,5 MF), les Editions Atlas entrent en avril 2000 dans le capital de Musicbox Interactive à hauteur de 30 % ?” Seeft Management restant propriétaire de 30 % des parts, et Corinne Gillet ne conservant plus que 40 % de l’entreprise.Ensuite, les choses s’enchaînent très vite. En janvier 2001, dans le cadre d’une augmentation de capital, les Editions Atlas proposent à Seeft Management de racheter ses 30 % de participation. Valorisation de Musicbox.fr à l’époque : pas moins de 6 millions d’euros !Et puis, soudain, en avril 2001, les Editions Atlas stoppent net le processus. ” 
Je n’ai toujours pas compris pourquoi “, regrette Corinne Gillet. L’analyse de Joël Le Bihan, directeur général d’Atlas, diffère évidemment : ” 
Le business plan a été remis en cause par la direction de Musicbox en avril 2001, lorsque celle-ci nous a annoncé que les taux de marge réels étaient très inférieurs, et que, en conséquence, elle ne pouvait plus s’engager sur le business plan. Les pourparlers menés jusqu’alors l’étaient donc sur des bases surévaluées
. “Or, selon la PDG de Musicbox, les Editions Atlas connaissaient parfaitement la situation et les perspectives du site. ” 
Je rencontrais, à l’époque, le responsable des participations d’Atlas plusieurs fois par mois, et le tenais informé de tous nos chiffres
 “, argue Corinne Gillet. Il n’empêche, la situation n’évolue plus.” 
Du jour au lendemain, j’ai vu s’écrouler l’augmentation de capital dont j’avais besoin, et mes deux actionnaires entrer en conflit “, explique l’ex-dirigeante de Musicbox.fr. Malgré les efforts déployés, elle ne parvient pas à recoller les morceaux entre ses actionnaires, pas plus qu’à convaincre de nouveaux investisseurs d’entrer au capital car, entre-temps, la bulle Internet a éclaté.Faute de rachat de ses parts, Seeft Management s’estime lésé. Le fonds intente donc, en mai 2001, une action auprès du tribunal de commerce d’Evreux (ville où se trouve le siège des Editions Atlas) pour rupture de négociations.

La troisième manche n’est pas jouée

La requête de Seeft ayant échoué en première instance, le fonds a fait appel.
Seeft avait demandé devant le tribunal de commerce l’exécution de la cession de ses parts pour 1,3 million d’euros, correspondant aux bases de pourparlers avant la découverte de l’erreur sur les marges et la remise en cause du business plan “, explique Joël Le Bihan.Qui poursuit : ” Le tribunal de commerce l’avait débouté à 100 %, considérant qu’il n’y avait pas eu de pourparlers et, en aucune manière, un accord définitif et que les conditions du pacte d’actionnaires n’avaient pas été respectées. La cour d’appel [de Rouen, en juin 2002] a acquiescé à la demande de Seeft, dans un arrêt qui ne répond pas à l’intégralité des aspects de ce dossier complexe. Nous avons formé un pourvoi en cassation et sommes très confiants quant à son résultat “, conclut-il.Seeft Management a pour le moment le succès modeste, se refusant à commenter une décision de justice extrêmement favorable à son encontre. Quant à Corinne Gillet, actuellement en recherche de missions dans le domaine du commerce électronique, elle se réjouit que la justice ait donné raison à Seeft.Même si cela ne lui rendra pas son entreprise, dont les derniers actifs furent rachetés aux enchères en mai 2002 par un grossiste et le site Pere-noel.fr. Le conte de fée est bel et bien fini.

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Laurent Campagnolle