Le marché de l’emploi est porteur. Les sites d’emploi en ligne se multiplient. La tentation est grande d’aller voir ailleurs, par ce biais, si l’herbe est plus verte. Mais attention de ne pas oublier le principe même de la Toile. Elle est ouverte à tout et à tous. Dès lors, un CV déposé peut se retrouver sous n’importe quel ?”il indiscret.Le premier risque se trouve au sein de l’entreprise. La plupart des candidats sont déjà en poste. Or, “la pointe des connexions se situe aux alentours de 11 heures du matin “, constate Jean-Luc Brunel, concepteur du site d’emplois en ligne Télé Mail. Et qui dit période ouvrée dit usage de la messagerie d’entreprise. “De 20 à 30 % des dépôts de candidatures, seulement, émanent de messageries gratuites “, avance Olivier Mourier, directeur général de la filiale France de Job Pilot.
Licencié ou mouton noir au sein de l’entreprise
Avoir recours à la messagerie d’entreprise, c’est oublier que l’utilisation de l’outil de travail à des fins personnelles est interdite. Une entreprise peu indulgente pourrait le reprocher au contrevenant, surtout si les salariés, comme le veut la loi, ont été avertis de la surveillance de la messagerie. Et le risque de licenciement pour faute grave existe. Le cas s’est présenté dans le sud de la France, et le licenciement a été confirmé par la cour d’appel.Sans aller jusqu’à cet extrême, il est vite arrivé de “se retrouver classé sur la liste noire des éléments tièdes et peu francs.”Le comportement est nouveau. Le management, peu habitué, est toujours déçu de sa découverte. “L’exclusion de toute promotion peut être le prix à payer “, note Olivier Mourier.
Les informaticiens pas nécessairement mieux armés
Au sein de l’entreprise, les risques peuvent être cernés et mesurables. Il en existe d’autres, générés par la nature même du Web, qui se révèlent plus aléatoires. Vous avez créé votre site personnel, assorti de votre CV. S’y trouve un certain mot-clé, comme le nom de l’entreprise, ou la spécialité… Dans le cadre d’une recherche ayant un tout autre but, un bon moteur, exhaustif, peut l’extirper du lot. “J’ai ainsi vu une DRH, à la recherche de l’un de ses sites à l’étranger, tomber sur le site personnel de l’un de ses managers, en région, dont le CV était quelque peu critique à l’endroit de son entreprise… “, rapporte Olivier Mourier.Et puis, il y a le risque informatique. Les CV papier ont une vie généralement courte. Sur informatique, ils se stockent facilement et s’extraient aussi aisément de la base. “Des candidats, soucieux d’afficher leurs motivations en fonction de chaque poste visé jouent tantôt une carte, tantôt l’autre. En cas de recoupements, attention aux CV qui ne font plus sens “, prévient Olivier Mourier.Reste alors à contrer les risques. Paradoxalement, la population informaticienne n’est pas nécessairement mieux armée qu’une autre.“Il existe deux types de comportements, note Olivier Mourier. Il y a les ingénieurs systèmes et réseaux qui, perpétuellement soucieux de sécurité, s’entourent d’un maximum de précautions et multiplient les codes. Et il y a les autres, comme par exemple, les ingénieurs développeurs, moins méfiants.”
Courageux mais pas téméraire
Finalement, la parade de l’anonymat semble la plus efficace. L’anonymat est proposé en option par un nombre de sites de plus en plus grand. “Il ne s’agit pas d’un problème technique. C’est une affaire de volonté du site. Les champs cachés, que nous pratiquons, sont tout bonnement rendus possibles grâce à l’utilisation des propriétés des ASP (Active Server Pages, technologie au c?”ur du serveur Web de Microsoft) et des bases de données SQL “, explique Frédéric Forsans, webmestre de Monster France.Dans l’arsenal, également, le principe des doubles serveurs, des coupe-feu, des fichiers sécurisés, destinés à éviter les rencontres involontaires entre recruteurs et candidats. Par ailleurs, des messageries internes aux sites se développent peu à peu.“Ce qui évite de laisser des traces. Et pas de traces, pas de risques “, promet Jean-Luc Brunel.S’il le souhaite, voilà donc le candidat internaute préservé par son anonymat. Un paradoxe ? “La demande est légitime. Toutefois, postuler est une démarche active destinée à signaler qu’on est disponible, relève Mats Carduner, DG de Monster France. Mais en attendant, comme il le prédit, que“la pratique rentre dans les m?”urs et que les entreprises cessent de se formaliser” des vélléités d’indépendance de leurs salariés, quelques principes de précaution peuvent se révéler utiles.
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