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Fausse IA : 2 startups se servaient de travailleurs sous-payés au lieu d’intelligence artificielle

Deux entreprises américaines viennent d’être rattrapées par la justice pour avoir vendu de fausses technologies basées sur l’IA. En lieu et place d’algorithmes, les sociétés exploitaient des travailleurs situés dans des pays étrangers. Dans l’ombre, ces humains faisaient tout le travail, permettant aux start-ups de récolter des millions de dollars de financement.

Deux scandales viennent de secouer le monde de l’intelligence artificielle. Deux entreprises américaines ont en effet vendu de fausses technologies reposant sur l’IA à leurs clients. En lieu et place d’algorithmes, les sociétés se servaient de travailleurs situés à l’étranger, et sous-payés pour les taches qui leur étaient confiées. On fait le point sur ces deux révélations.

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Cette anti-fraude était… une fraude

Il y a quelques années, Kubient a lancé KAI (Kubient Artificial Intelligence), une solution anti-fraude reposant sur l’IA. Fondée en 2017, la société new-yorkaise se targuait de pouvoir détecter les fraudes publicitaires en temps réel en identifiant les fausses impressions, les clics frauduleux ou les bots qui gonflent artificiellement les chiffres des campagnes des annonceurs. Kubient s’adressait aux annonceurs, agences, éditeurs et plateformes technologiques souhaitant optimiser leur budget pub et éviter les arnaques

Comme l’a révélé une enquête conjointe menée par la Securities and Exchange Commission, Commission, et du procureur de New York, Kubient n’a pas mis au point d’intelligence artificielle. Pour détecter les fraudes, la firme s’appuyait sur une armée de travailleurs situés à l’étranger. Toutes les détections étaient réalisées manuellement par des sous-traitants. Avec cette astuce, Kubient a engrangé plus de 1,3 million de dollars de revenus frauduleux entre fin 2019 et début 2021. La société a levé plus de 12,5 millions de dollars lors de son introduction en bourse en août 2020 en tirant profit de sa technologie factice.

« Pour masquer son stratagème frauduleux, ROBERTS a ordonné aux employés de Kubient de produire de faux rapports KAI, construits à partir de données entièrement inventées, sans aucun fondement réel. Il a ensuite utilisé ces rapports truqués pour tromper les auditeurs indépendants de Kubient », explique le procureur du district sud de New York.

Au terme de cette enquête, Paul Roberts, PDG de Kubient, a été interpellé par les autorités. Le site Internet de l’entreprise a fermé, et Kubient semble avoir cessé toutes ses activités. Le dirigeant du groupe a été récemment condamné à un an de prison.

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Un faux systéme de paiement universel par IA

Plus récemment, c’est Nate, une FinTech proposant des technologies liées au paiement en ligne, à la gestion d’argent ou à l’automatisation des achats, qui s’est retrouvée dans le viseur de la justice américaine. La start-up, fondée en 2018 par un certain Albert Saniger, affirmait avoir développé une application mobile permettant aux utilisateurs d’acheter des produits sur n’importe quel site de commerce en ligne via une seule interface.

Grâce à l’intelligence artificielle, Nate assurait automatiser le processus d’achat en remplissant les formulaires de commande et en finalisant les transactions à la place des internautes. Fort de cette solution de paiement universel, Nate a levé 38 millions de dollars.

Là encore, une enquête a révélé que Nate fonctionnait surtout grâce à des travailleurs aux Philippines et en Roumanie. Ce sont eux des sous-traitants qui remplissaient les formulaires de commandes, pas l’IA. Une enquête de The Information allègue que plus de 60 % des transactions étaient gérées par des êtres humains.

Suite à une enquête du ministère américain de la Justice avec l’appui du FBI, Albert Saniger a été inculpé pour escroquerie. Celui-ci « induit les investisseurs en erreur en exploitant la promesse et le pouvoir d’attraction de l’intelligence artificielle, construisant ainsi un faux récit d’innovation qui n’a en réalité jamais existé ». Il risque plusieurs dizaines d’années de prison.

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Florian Bayard