Space X a lancé ce mardi 6 février 2018 avec succès sa fusée Falcon Heavy, décrite comme « la plus puissante du monde » et qui doit préfigurer les missions capables de transporter des équipages sur la Lune et peut-être sur Mars. « J’avais cette image d’une explosion géante sur le pas de tir (…) Heureusement cela ne s’est pas produit », a déclaré l’entrepreneur dont la fusée n’avait, jusqu’à ce lancement réussi, effectué que des tests statiques, consistant à allumer ses moteurs alors qu’elle reste ancrée au sol.
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Falcon Heavy, qui mesure 70 mètres de hauteur sur douze mètres de largeur, est complexe. Constituée de trois fusées Falcon 9 assemblées frontalement, elle a été propulsée par 27 moteurs Merlin qui « génèrent plus 2 500 tonnes de poussée au décollage, ou l’équivalent de 18 Boeing 747 », explique SpaceX.
Seulement dépassé par une fusée des années… 1960
Comme l’entreprise spatiale le fait de manière routinière pour ses tirs de Falcon 9, elle a fait revenir se poser en douceur deux des trois premiers étages de cette super-fusée pour pouvoir les réutiliser, et ainsi réaliser une importante économie. Le troisième s’est abîmé en mer. Elon Musk a ainsi indiqué qu’il avait « apparemment pénétré l’eau à une vitesse de 480 km/h ».
SpaceX affirme que Falcon Heavy « peut lancer deux fois plus de charge utile que la plus puissante fusée en opération existante, la Delta IV Heavy, à un tiers du prix ». Selon United Launch Alliance, qui opère les Delta IV, le coût d’un lancement est de 350 millions de dollars.
Ce lanceur est seulement surpassé par la fusée Saturn V de la Nasa qui a emporté des astronautes des missions Apollo vers la Lune à la fin des années 1960 et au début de la décennie 1970. Avec cette puissance, Falcon Heavy pourra mettre jusqu’à 63,8 tonnes en orbite terrestre basse, soit près de trois fois la charge que peut emporter Falcon 9.
Un nouveau pas vers Mars
C’est aussi le billet de la Nasa pour arriver à envoyer des hommes dans l’espace sans avoir besoin de l’aide des Russes et de leur vaisseau Soyouz, comme c’est le cas depuis la fin du programme de la navette spatiale en 2011. L’enjeu est donc d’importance pour SpaceX, qui a déjà décroché un contrat de 1,6 milliard de dollars de la Nasa pour approvisionner la Station spatiale internationale.
« Falcon Heavy a été conçu dès le départ pour transporter des humains dans l’espace et retrouver la possibilité d’envoyer des équipages vers la Lune ou vers Mars », a souligné SpaceX dans un communiqué. Mais Elon Musk a précisé lundi qu’un autre de ses projets, la fusée « Big Fucking Rocket » (BFR, littéralement « putain de grosse fusée ») serait en fait celle destinée à transporter des humains, tandis que Falcon Heavy serait consacrée aux équipements.
Une Tesla comme premier chargement
La première charge utile de la fusée était un peu particulière : le roadster Tesla rouge cerise au volant duquel était installé un mannequin vêtu du scaphandre spatial développé par l’entreprise. « Starman dans un roadster rouge », a posté le richissime homme d’affaires sur Instagram lundi montrant la voiture électrique le nez pointé vers le ciel avec le faux astronaute aux commandes. Pour donner un air encore plus « art conceptuel » à l’affaire, Space Oddity de David Bowie, joué à l’intérieur de la voiture, a servi de fond musical au lancement.
L’espace lointain est la destination de ce premier vol, à une distance à peu près équivalente de celle de Mars par rapport au Soleil mais pas trop près non plus de la planète rouge, qu’il ambitionne ni plus ni moins de coloniser. « J’adore l’idée d’une voiture dérivant apparemment à l’infini dans l’espace et qui sera peut-être découverte par une race extraterrestre dans des millions d’années », s’était-il enthousiasmé l’an dernier. Une déclaration qui ne fera pas démentir sa réputation d’entrepreneur fantasque, mais malgré tout à succès.
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