Quand vous commandez un film sur un site de vidéo à la demande, dans quasiment tous les cas, vous téléchargez un fichier de type Windows Media. Microsoft est en effet omniprésent sur le secteur de la distribution de vidéos et à un degré
moindre sur celui de la distribution de musique (dominé par Apple, qui dispose de son propre format).Un fichier Windows Media est doté d’un système dit de ‘ DRM ‘
(Digital Rights Management, soit
gestion des droits numériques), qui détermine ce que vous pouvez en faire. Par exemple : regarder le film dans tel laps de temps (24 heures après l’achat) ou transférer un
morceau musical sur différents supports (disque dur du PC, baladeur, etc). Les studios utilisent les DRM, par exemple, pour éviter la prolifération de leurs vidéos sur le Web.Un petit logiciel circule sur la Toile depuis quelques jours, il permet de désactiver une telle protection numérique, pour les versions DRM 10 et 11 de Windows Media (et non en deça pour les versions 7 et 9). Il s’appelle
FairUse4WM, apparu sur des forums spécialisés. On le trouve aujourd’hui facilement sur la Toile (dans les newsgroups, notamment). D’autant plus aisément que des sites réputés vont jusqu’à le référencer dans leur logithèque.
FairUse fait penser à d’autres logiciels, comme Hymn, qui permettent de contourner les DRM des fichiers iTunes.En France, la récente loi sur le droit d’auteur (dite DADVSI) rend
passibles de poursuites pénales les utilisateurs d’un logiciel comme FairUse.En quelques minutes, ce dernier permet de craquer d’un coup la protection de plusieurs titres musicaux ou d’un fichier vidéo de près de 1 Go, selon les tests que nous avons effectués. Dès lors, il devient possible de visionner un
long-métrage loué sur un site comme TF1 autant de fois que voulu, sans limite temporelle, de le manipuler à loisir dans un logiciel comme Moviemaker* ou de le compresser pour l’avoir au format DivX, toutes choses impossibles en théorie. Ou
encore de transférer des morceaux de musique, autrefois protégés, sur un baladeur. Tout verrou a disparu et les DRM sont purement et simplement supprimées.
‘ Une course sans fin ‘
Il existe quand même un bémol, non négligeable. Ainsi, pour enlever les DRM d’un film loué, il faut agir tant que l’on possède effectivement les droits d’utilisation du fichier. Si l’on a 24 heures pour lire le film et que l’on
utilise FairUse au-delà de ce délai, l’opération est vouée à l’échec.Dans certains cas, l’opération, très simple (du ‘ drag and drop ‘ en résumé), ne fonctionne pas. Mais le logiciel fait toutefois preuve d’une redoutable efficacité… pour le moment.
Car Microsoft, qui n’a pas pu répondre à nos questions, a commencé à réagir. ‘ Ils nous ont contactés hier matin pour nous prévenir, et nous indiquer qu’ils travaillaient à un patch qui sera livré
rapidement ‘, explique Mihai Crasneanu, PDG de Glowria, site de location de DVD et de vidéo à la demande.Mais pour Mihai Crasneanu, il n’y a pas matière à crier à la catastrophe. ‘ Dans l’univers numérique, il y aura toujours ce genre de course entre les logiciels qui protègent et ceux qui cassent. C’est sans fin.
Même si FairUse est bloqué, il y en aura d’autres qui prendront la relève. ‘ Tout en relativisant : ‘ Ceux qui vont utiliser FairUse, ou d’autres logiciels qui lui succéderont, ne sont pas à
proprement parler des pirates, même s’il y a effectivement acte de piratage d’un système. A la base, il y a un acte d’achat quand même. ‘ [1]Selon lui, bien que condamnable, ce logiciel a le mérite de poser la question cruciale des DRM. ‘ Il prouve le désir de certains acheteurs de vouloir utiliser librement les contenus qu’ils ont acquis : les
lire, les transférer, etc. ‘ Pour lui, l’heure est donc venue de repenser la question des systèmes de protection, en les rendant plus souples. ‘ Les studios américains, que j’ai rencontrés récemment,
commencent à y penser. Certains services permettent
désormais de graver un film.
Mais ça n’est pas encore satisfaisant, il reste des blocages techniques. ‘
* Article modifié le 30 août 2006. Le logiciel permettant de manipuler un film est Moviemaker et non Filemaker comme indiqué lors de la publication de cet article.[1] Suite à la publication de cet article, la société Glowria tient à préciser qu’elle condamne l’utilisation de FairUse et que l’usage de ce logiciel constitue un acte de piratage.
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