Car la lecture du Journal officiel (JO) a de quoi donner le tournis. En effet, la très officielle Commission générale de terminologie et de néologie vient de publier la nouvelle liste du
vocabulaire à employer lorsqu’on parle de courrier électronique.Une déclaration solennelle qui vient compléter celles de décembre 1997, d’octobre 1998, de mars 1999, de septembre 2000, de mars 2002, de décembre 2002 et de février 2003. Qui chacune invente, annule, corrige et décide des termes
appropriés pour désigner les échanges sur le réseau des réseaux.Si, comme le proclame Amélie Nothomb, ‘ Nommer les choses, c’est leur enlever leur danger ‘, ladite Commission peut d’ores et déjà prétendre au prochain prix Nobel de la paix. Au titre du
déminage préventif de la Toile par sa production intensive en matière de vocabulaire. Quitte, parfois, à friser le ridicule.Par exemple, lorsque nos commissaires n’hésitent pas à écrire, dans un avis publié au JO, que désormais le mot ‘ courriel ‘ annule et remplace l’expression
‘ courrier électronique ‘. Et que le ‘ mél ‘, version gauloise de l’email, dont la paternité revient à cette même commission, ne doit désormais plus être
utilisé comme un substantif, mais être réservé aux seuls cartes de visite et papier à lettres.Heureusement, personne n’a laissé à nos sages le soin de prévoir des sanctions en cas de mauvais usage de leur production littéraire.C’est tout le charme de ces comités Théodule, dont notre République raffole : de savants esprits se réunissent pour prendre des décisions sur des problèmes qui n’auraient pas existé s’ils ne les avaient pas eux-mêmes générés. Une
manière habile de se prémunir contre le chômage : faire et défaire, c’est toujours faire quelque chose.On peut regretter que tant d’énergie et de matière grise soient mobilisées pour un résultat aussi vain. Alors qu’il reste tant à faire pour que nos compatriotes s’approprient chaque jour davantage les technologies de
l’information.* Grand reporter à 01 Informatique
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