Moins spectaculaire que celle du courtier en énergie Enron, la faillite de Global Crossing n’en est pas moins la plus formidable de toute l’histoire des télécommunications. Endetté à hauteur de 12,4 milliards de dollars après avoir déployé un vaste réseau mondial de câble optiques sous-marins et terrestres, Global Crossing affichait encore 4,6 milliards de dollars de pertes sur les seuls neuf premiers mois de l’exercice 2001 pour un chiffre d’affaires correspondant de 2,4 milliards de dollars.En conséquence de quoi, le cours de l’action s’est littéralement effondré : de 65 dollars à son plus haut niveau, à l’époque flamboyante de la bulle Internet, elle ne valait plus que 30 cents en ce début de semaine. L’aventure de Global Crossing ?” fondé par un ancien banquier d’affaires de Drexel Burnham Lambert ?” est caractéristique de la spéculation éffrénée et de l’aveuglement qui entouraient ces nouveaux acteurs censés ne faire qu’une bouchée des opérateurs historiques.
Ne pas négliger la loi de l’offre et de la demande
Las, le bel édifice bâti sur le sable s’est croulé, laissant apparaître au grand jour des surcapacités en bande passante qui outrepassaient la demande. Désormais placé sous la protection du chapître 11 de la loi américaine sur les faillites, Global Crossing (qui emploie 8 000 personnes) pourra peut être éviter la liquidation si les tribunaux américains acceptent la solution proposée par Li Ka-Shing. Ce magnat de Hongkong qui contrôle Hutchison Whampoa, s’est associé à Singapore Technologies pour déposer une offre de reprise accompagnée d’une injection de capital de 750 millions de dollars.Les déboires des opérateurs d’infrastructures ne sont pas un phénomène nouveau. Témoin, l’effondrement l’an dernier de 360Networks qui a coûté la bagatelle de 700 millions de dollars à Alcatel, son principal bailleur de fonds et… fournisseur. Le groupe de Serge Tchuruck s’en tire cette fois à meilleur compte : Global Crossing ne lui laisse qu’une ardoise de 31 millions de dollars. Et la série noire n’est pas terminée.
D’autres faillites pourraient suivre
Level 3, dont le patron Kevin O’Hara prédisait récemment la survie de seulement six opérateurs d’infrastructures internationaux en 2002, affiche 4,9 milliards de dollars de pertes pour 1,53 milliard de dollars de chiffre d’affaires en 2001. Pour s’en sortir, il taille classiquement dans ses effectifs (75 % de compression ) tout en se recentrant sur ses principaux clients (de 2 700 à 300).Egalement sous surveillance de la communauté financière, le comportement de KPN Qwest dans les semaines à venir pourrait constituer un bon indicateur de l’évolution de cette typologie dacteurs.
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