Au-delà du jeu vidéo, Fahrenheit plonge le joueur dans une expérience proche de celle d’un film interactif. L’aventure commence alors que le héros, Lucas Kane, visiblement possédé par une force maléfique,
poignarde un innocent dans les toilettes d’un restaurant. Tout de suite après le meurtre, il reprend ses esprits. Il est alors saisi d’une vision : un policier, assis au comptoir, envisage de se rendre aux toilettes. L’écran se divise alors en
deux, afin de montrer en même temps Lucas Kane et l’agent.Pour éviter d’être appréhendé, le héros doit agir, et vite. Il ne peut quitter la salle immédiatement, ses mains tachées de sang risqueraient d’attirer l’attention du policier… Mais il ne peut pas non plus s’enfuir sans
récupérer le couteau couvert d’empreintes qu’il a laissé sur le lieu du crime… Le temps est compté et il va devoir faire des choix avant de s’enfuir. Priorité absolue : se laver les mains. On se dirige vers l’évier, une icône symbolisant
un robinet apparaît en haut de l’écran, avec une flèche de direction. Pour effectuer l’action, il faut cliquer sur le bouton tout en déplaçant la souris vers le haut. Toutes les actions (ouvrir une porte, ramasser un objet…) se font de la
même manière. Cette façon de mimer le mouvement renforce le sentiment d’immersion.Une fois le héros parti et la victime découverte, les deux inspecteurs chargés de l’enquête, Carla Velenti et Tyler Miles, arrivent sur les lieux. Et cette fois, ce sont eux que l’on incarne. La situation s’inverse, car il faut
traquer le criminel en accumulant les indices et les preuves. Lucas Kane, de son côté, va découvrir que cette expérience macabre l’a transformé. Il s’aperçoit que des visions lui permettent de prédire les événements à venir, et qu’il dispose de
réflexes accrus et d’une force surhumaine. Autant de pouvoirs qui vont lui permettre d’échapper à la police et de mener sa propre enquête.En passant librement d’un personnage à l’autre, on a le sentiment de jouir d’une totale liberté d’action. Et même s’il n’en est rien, l’illusion est parfaite. Bien que Fahrenheit soit avant tout un jeu d’aventure,
de nombreuses scènes d’action ponctuent le récit. Elles sont spectaculaires, variées (course-poursuite, match de basket-ball, etc.) et leur déroulement s’avère très original. En effet, dès que survient l’une de ces phases de jeu, deux cercles de
quatre couleurs apparaissent à l’écran, en surimpression, puis ils s’éclairent selon une séquence de couleurs aléatoire qu’il faut reproduire au clavier (ou au joystick) pour réussir l’action. D’abord assez déroutant, ce procédé s’avère finalement
très intuitif. Et le plus étonnant, c’est qu’on parvient à admirer la scène en restant concentré sur la séquence à reproduire !Si le graphisme général de Fahrenheit est de moindre qualité que celui des productions actuelles (Prince of Persia, Splinter Cell…), la modélisation des visages est en revanche très
réussie, avec notamment une impeccable synchronisation des lèvres lors des dialogues. Quant à la musique, somptueuse sans être entêtante, elle contribue pour une large part à l’ambiance angoissante et malsaine du jeu.
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