Mark Zuckerberg n’est pas venu au MWC uniquement pour jouer les guest star à la conférence de Samsung ce 21 février. Il est aussi présent à Barcelone pour promouvoir son initiative en ingénierie des télécoms : le Telecom Infra Project (TIP).
Ce que propose Zuckerberg, c’est un modèle directement calqué sur son Open Compute Project qui rassemble diverses entreprises pour partager des concepts et des techniques permettant d’optimiser la construction et le fonctionnement des data centers. Sauf que cette fois, il va s’agir de réunir des opérateurs, des constructeurs, des fournisseurs et des intégrateurs réseaux pour développer des infrastructures télécoms.
Trois axes seront privilégiés : l’accès, le backhaul (réseau intermédiaire), et le cœur et la gestion de réseau.
Facebook n’est pas un rival pour les opérateurs
« C’est important de ne pas perdre de vue que ce sont les opérateurs qui sont les moteurs de l’évolution de nos réseaux mobiles grâce à tous leurs investissements », déclarait lucide Mark Zuckerberg lors de sa conférence à Barcelone l’année dernière, comme le rappelle Wired.
Longtemps pointé du doigt par les opérateurs parce qu’il est l’un des plus gourmands acteurs OTT (pour Over The Top, ces services qui tirent parti des connexions des opérateurs sans leur reverser de fonds), Facebook tient depuis quelque temps à clarifier les choses et à ne plus paraître comme un rival des géants des télécoms.
On pourra toujours arguer que Facebook va continuer de proposer des services qui marchent directement sur les plates-bandes des opérateurs comme Facebook Messenger et WhatsApp qui permettent de passer des appels par internet.
Sans compter que Facebook se confronte toutefois à certaines prérogatives des opérateurs. Comme la fondation Internet.org qui, certes, fonctionne grâce à des partenariats avec des fournisseurs locaux, mais offre un accès gratuit et limité à Internet assez contrariant pour les telcos.
Et le réseau social dispose de son propre Connectivity Lab qui explore les meilleurs moyens technologiques de connecter la planète qu’il s’agisse de drones, de lasers ou de satellites.
Connecter les gens et développer de nouvelles technos
Quoi qu’il en soit, avec le TIP, Facebook a l’occasion de nous chanter son désormais traditionnel refrain de la connectivité. La firme donne déjà deux exemples de projets pilotes qui vont être suivis : faire bénéficier un village des Philippines d’une couverture mobile avec l’aide de Globe Telecom, et connecter également les Highlands en proposant à un effort communautaire local de bénéficier des services de l’opérateur britannique EE.
« Cela se traduira par des gains importants en termes de coût et d’efficacité opérationnelle pour les déploiements ruraux et urbains », indique le responsable ingénierie et infrastructure de Facebook Jay Parikh dans un post sur le blog officiel.
Mais Facebook ne veut pas se limiter aux régions rurales ou difficiles d’accès. Le réseau social vise aussi les zones urbaines pour y accélérer le déploiement de nouvelles techno. Ainsi SK Telecom, opérateur leader du marché sud coréen et membre de l’Open Compute Project, va partager des technologies de virtualisation pour la gestion des réseaux 5G.
« Essayer de nouvelles technologies et approches, puis partager ce que nous apprenons avec le reste de l’industrie permettra aux opérateurs d’adopter de nouveaux modèles avec la certitude qu’ils sont durables », écrit encore Jay Parikh.
Car Facebook et ses partenaires vont travailler à définir de nouveaux designs, qui seront ouverts et donc réutilisables par d’autres. Ainsi, Intel et Nokia contribueront à définir des éléments de référence que Deutsche Telekom et SK Telecom, les opérateurs qui font partie du projet, confronteront au réel avant de les déployer selon leurs besoins.
L’intérêt pour Facebook est évidemment que les réseaux soient toujours plus présents, rapides et stables pour permettre l’échange de contenus plus riches et gourmands comme la vidéo ou, un peu plus tard, la réalité virtuelle.
De là, le géant des réseaux sociaux pourra envisager de conquérir toujours plus de nouveaux utilisateurs pour ses services, et de doper les usages de ceux qui sont déjà connectés.
Quelques embûches…
Pas sûr, néanmoins, que la sauce prenne au niveau mondial avec ce TIP. On a déjà vu Facebook se casser les dents en Inde avec Internet.org. C’est une chose de faire fonctionner ce type de modèle pour des data centers. C’en est une autre de faire collaborer les géants des télécoms, alors que les marchés restent très fermés au niveau national. Surtout quand les équipementiers se voient, pour jouer le jeu, contraints de mettre à disposition de manière ouverte tous les résultats de leurs travaux…
Voilà peut être pourquoi, Ericsson et Huawei n’ont ainsi pas souhaité rejoindre le projet pour le moment. Notons la présence de deux sociétés françaises dans les membres du TIP : AW2S et Amarisoft.
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