Entre censure injustifiée, pudibonderie déplacée, laisser-aller inqualifiable et laxisme difficile à défendre, la modération de Facebook est souvent prise en défaut. Une nouvelle fois, elle fait parler d’elle et montre la faiblesse de sa conception et de son application.
Dans un article du 29 décembre dernier, le New York Times explique s’être procuré le document de référence utilisé par le réseau social. Un corpus de plus de 1 400 pages, dans lequel on trouve aussi bien des tableaux que des diapositives PowerPoint.
Bien qu’il soit mis à jour régulièrement, celui-ci présente tout d’abord de nombreuses erreurs factuelles sur certains points. C’est par exemple le cas de l’ancien commandant de l’armée de la République serbe de Bosnie Ratko Mladić, présenté dans ce document comme étant toujours en fuite alors qu’il a été arrêté en 2011, puis condamné à perpétuité pour génocide en 2017.
Moins de dix secondes pour réfléchir
En plus d’être difficilement lisibles, les règles de modérations doivent être appliquées en très peu de temps. Les 15 000 modérateurs doivent passer en revue environ un millier de publications chacun quotidiennement. Cela leur laisse donc seulement entre 8 et 10 secondes pour estimer si un propos ou un contenu contrevient à ces règles. Certains expliquent même s’aider régulièrement de Google Traduction pour comprendre des statuts rédigés dans une langue qu’ils ne parlent pas.
Des personnalités et des groupes figurent également sur une liste intitulée « personnalités haineuses ». Les modérateurs ont comme ordre de supprimer toute publication y faisant allusion. Mais les origines américaines de Facebook introduisent un biais : on y trouve par exemple de nombreux groupes d’extrême droite britanniques ou américains, mais beaucoup moins des russes ou des ukrainiens pourtant considérés comme bien plus violents.
Des tolérances acceptées
Autre exemple : en juin dernier, des e-mails internes montraient que l’on avait dit aux modérateurs d’autoriser les utilisateurs à dire du bien des Talibans – ce qui est normalement interdit – à condition qu’ils mentionnent la décision du groupe de signer un cessez-le-feu.
En novembre dernier, Facebook avait ouvert à la presse française l’un de ses centres de modération à Barcelone. On se souvient que les retours des modérateurs étaient alors bien plus positifs que ce que décrit le New York Times.
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