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Facebook manipule le fil de news pour redorer son blason

Fini les excuses et les autocritiques. La firme a mis en place une nouvelle stratégie de communication beaucoup plus agressive qui fait la part belle à l’autopromotion.

Création de bulles informationnelles, manipulation d’électeurs, désinformation sanitaire… Depuis quelques années, les critiques pleuvent sur Facebook, qui est pointé du doigt pour la mauvaise influence de son réseau social sur la société. Et Mark Zuckerberg a souvent été contraint de monter au front pour s’expliquer, voire s’excuser.

Ce temps de l’autocritique est désormais révolu. Comme le révèle The New York Times, une nouvelle stratégie de communication baptisée « Project Amplify » a été mise en place pour redorer le blason de la firme américaine. Et pas question d’y aller avec le dos de la cuillère.

Ainsi, les experts en communication de Facebook ont décidé d’utiliser le fil d’actualité des utilisateurs de Facebook pour y distiller de bonnes nouvelles… à propos de Facebook ! Ils ont profité des mécanismes publicitaires existants pour pousser des autopromotions, pour présenter par exemple les superbes innovations technologiques de l’entreprise ou son engagement incroyable dans les énergies renouvelables. Ils ont aussi imaginé recycler par ce biais des articles de presse qui montre le géant des réseaux sociaux sous un jour favorable. Ces mesures ont été testées dans trois villes américaines.

Les chercheurs sont priés de plier bagage

Par ailleurs, il n’est plus question de mettre Mark Zuckerberg en première ligne, face aux scandales. Le PDG ne veut plus se flageller en public et réservera son temps de communication à des choses positives comme les innovations, les nouveaux ou… le surf. Et c’est sa garde rapprochée de vice-président.e.s qui va désormais répondre aux questions qui fâchent.  

Mais l’entreprise ne se contente pas de gonfler artificiellement les bonnes nouvelles. Elle veut également supprimer celles qui sont mauvaises. Elle met de plus en plus de bâtons dans les roues des chercheurs universitaires qui analysent l’impact sociétal des échanges sur le réseau social.

En avril dernier, elle a par exemple enterré le projet CrowdTangle, qui permettait aux chercheurs d’accéder à l’outil du même nom et à des données sur le niveau d’engagement et de popularité des posts. Le souci, en effet, c’est que cet outil a permis à certains chercheurs de montrer à quel point Facebook favorise la diffusion de fake news.

La chasse aux chercheurs ne s’est pas arrêtée avec ça. Au plein milieu de l’été, la firme a décidé de désactiver les pages et les comptes d’un groupe de chercheurs de l’université de New York qui planchait sur l’impact des publicités politiques sur Facebook. Soi-disant, il n’aurait pas respecté la protection des données personnelles des 16 000 personnes qui participaient de manière volontaire à leurs recherches. Plus récemment, Facebook a sabordé deux ans de recherches d’un autre groupe d’universitaires en leur annonçant que le set de données qu’il leur avait fourni était incomplet, et donc inutilisable. C’est ballot.

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Les rapports de transparence risquent également d’être de plus en plus dilués, voire censurés. Ainsi, Facebook comptait publier cet été une analyse sur les posts les plus populaires dans son réseau. Mais le résultat n’était pas très flatteur. Le post le plus échangé concernait la mort d’un médecin après avoir été vacciné par le Covid. Le document n’a donc jamais été publié. Enfin, cette nouvelle stratégie de communication vise également les salariés de Facebook, qui sont de plus en plus nombreux à faire fuiter des informations compromettantes. La direction a donc décidé de multiplier les mises en garde dans les forums internes. C’est vrai que c’est toujours mieux de mettre la poussière sous le tapis plutôt que de résoudre les problèmes à la racine. C’est bien connu.

Source: The New York Times

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Gilbert KALLENBORN