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Facebook, Instagram : pourquoi Meta doit revoir sa politique sur la nudité

La « cour suprême » de Facebook et Instagram vient d’épingler la politique de Meta en matière de nudité. Le conseil de surveillance estime que les règles actuelles ne sont pas compatibles avec les internautes transgenres et non binaires.

En 2021 et 2022, un couple américain a mis en ligne deux photos montrant explicitement la poitrine dévêtue d’une personne transgenre sur Instagram. Ces images faisaient partie d’une campagne de collecte de fonds. Elle visait à financer la chirurgie esthétique d’une des deux personnes. Les clichés ont été promptement supprimés par la modération d’Instagram, bien que les mamelons étaient couverts. Apparemment, les photos ont été signalées par une foule d’internautes et identifiées comme une infraction par les algorithmes de Meta. L’entreprise a assimilé la campagne à du racolage, car elle combinait des photos de nus et une demande d’argent.

Estimant cette mesure injuste, le couple a tout mis en œuvre pour faire changer le groupe américain d’avis. Après plusieurs mois de procédure, la décision de Meta vient d’être invalidée par son comité indépendant de surveillance. Lancée en 2019, la structure est chargée d’évaluer la politique du réseau social en matière de modération de contenus. Le conseil, surnommé « la cour suprême de Facebook », est libre de renverser des décisions prises par Meta et ses modérateurs.

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Meta admet une erreur

Dans ce cas-ci, le comité a estimé que Meta n’avait aucune raison valable de « supprimer deux messages Instagram représentant des personnes transgenres et non binaires avec des poitrines nues ». Le conseil a ordonné à Instagram de revenir sur sa décision. Notez que Meta avait déjà restauré les images quand le comité s’est penché sur l’affaire. Sur son site web, firme de Menlo Park reconnaît avoir commis une erreur :

« après un examen plus approfondi, nous avons déterminé que nous avions supprimé ce contenu par erreur et que nous l’avons restauré ». 

C’est loin d’être la première fois que Meta censure des images par erreur. Bien souvent, les algorithmes de modération confondent des éléments innocents avec des corps nus. On se souviendra notamment ces pauvres ognons, considérés comme sexuellement suggestifs, ou de la censure du tableau ”La Liberté guidant le peuple” de Delacroix.

Une politique à revoir

Le conseil recommande par ailleurs à Meta de se pencher attentivement sur sa politique concernant la nudité. Pour l’instance de surveillance, les règles actuelles de l’entreprise ne sont pas encore au point. Elle appelle la société à édicter des « critères clairs qui respectent les normes internationales en matière de droits de l’homme ».

En supprimant les deux photos, Meta a appliqué une vision binaire du genre. La modération repose sur une distinction entre les corps masculins et féminins, qui n’inclut pas les personnes transgenres. En effet, la politique de Facebook et Instagram autorise les tétons masculins, mais interdit les mamelons féminins, sauf dans certaines exceptions, comme « la sensibilisation contre le cancer du sein » ou les « contextes médicaux ».

L’absence d’une réglementation claire et inclusive est préjudiciable pour les minorités, regrette le comité de surveillance. Le conseil recommande à Meta de définir « des critères clairs, objectifs », de fournir plus de détails sur les éléments qui peuvent conduire à une suppression, et de réviser les directives données aux modérateurs.

Il arrive régulièrement que le conseil de surveillance abroge des décisions de Meta. Le mois dernier, l’instance a révoqué la censure d’un message de protestation visant le gouvernement iranien sur Facebook. Deux ans plus tôt, le comité a désavoué quatre suppressions de contenus, jugées arbitraires. Toutes les décisions de l’organe sont répertoriées sur son site web. Évidemment, le comité abonde parfois dans le sens de Meta.

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Source : Conseil de surveillance de Meta


Florian Bayard