Qui a cette année déclenché les foudres des Big Brother Awards ? Le collectif vient de rendre publics les noms des personnalités et organismes sélectionnés pour recevoir ces trophées qui « récompensent » les ennemis des libertés individuelles. Nouveauté cette année, parmi les six catégories et les quelque quarante nominés, les Big Brother Awards (BBA) inaugurent une section Mention spéciale Internet.
Celle-ci comprend évidemment les incontournables Google et Facebook (critiqués toute l’année pour l’utilisation des données personnelles de leurs membres), mais également TMG, l’entreprise chargée par la Hadopi de surveiller les échanges de contenus.
Invité surprise : Les Pages jaunes, qui viennent de racheter 123people, un moteur de recherche de personnes controversé. Enfin, les services Web de géolocalisation qui commencent à faire un carton, tels Foursquare et Gowalla, sont également nominés. Pour les BBA, ces applications – en apparence ludiques – peuvent parfois se retourner contre leurs utilisateurs.
Les autres catégories sont plus classiques. Sont notamment cités pour le prix Orwell Entreprise :
– la RATP, « pour ne pas informer correctement sur la présence et l’usage des caméras embarquées dans ses rames » ;
– Alcatel Shanghai Bell, « pour avoir fourni aux autorités birmanes des équipements permettant de surveiller en masse les communications téléphoniques et Internet des citoyens et de repérer les dissidents » ;
– Bio Rafale, de la société Vesalis, un logiciel de reconnaissance de visages par vidéosurveillance qui, selon l’équipe des BBA, « pourrait être déployé tout autant dans les stades, les gares, les aéroports que dans les galeries marchandes et les grands magasins ».
De nombreux politiques nominés
Dans les autres catégories, citons notamment quelques nominés à l’Orwell Novlang, qui met en avant les meilleurs exemples de la « novlangue », inventée par l’écrivain dans son roman culte 1984. Les Big Brother Awards soulignent ainsi le passage de la vidéosurveillance à la « vidéoprotection » dans la loi Loppsi 2.
Mais aussi l’expression Voisins vigilants, cette opération qui permet à des volontaires d’informer la gendarmerie lorsqu’ils estiment qu’il se passe quelque chose d’anormal, et même Alex Türk, président de la Cnil, « toujours très en verve pour tourner des phrases orwelliennes » selon l’association.
De nombreuses personnalités politiques sont également citées dans les catégories Orwell Localités et Etats et Elus, y compris des membres du gouvernement. Y figurent notamment Frédéric Mitterrand et Christine Albanel pour leur implication dans la loi Hadopi.
Jean-Marc Manach, cofondateur de la manifestation en France, explique d’ailleurs sur son blog que « jamais les Big Brother Awards n’avaient nominé autant de membres du gouvernement en même temps, au point que nous avons été amenés, cette année, à créer une mention spéciale Exécuteurs [des basses œuvres ?] ».
Le jury rendra publics les prix des dixièmes Big Brother Awards le 12 mai 2010, à l’occasion d’une conférence de presse. L’association organise par ailleurs une Orwell Party le 29 mai au théâtre de la Belle-Etoile à la Plaine-Saint-Denis, histoire de fêter les dix ans de la manifestation. En attendant, vous pouvez participer à notre sondage pour désigner qui de la sélection Internet des BBA vous paraît le moins respectueux de la vie privée.
Voir tous les nominés des Big Brother Awards.
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