Mark Zuckerberg veut notre bien. Dans une tribune publiée sur son profil, le PDG de Facebook explique que le Fil d’actualités du réseau social mettra désormais plus en avant les contenus de nos amis et moins ceux des marques ou des médias. « L’un de nos buts de 2018 est de faire en sorte que le temps que nous passons sur Facebook soit du temps bien utilisé », explique-t-il.
« Nous avons la responsabilité que nos services ne soient pas seulement amusants à utiliser, mais aussi qu’ils soient bons pour le bien-être des gens. Alors nous avons étudié cette tendance attentivement en regardant les recherches universitaires et en effectuant nos propres études avec d’éminents experts d’universités », poursuit Mark Zuckerberg pour justifier son choix.
On verra beaucoup plus les publications de nos amis
Les conclusions sont selon lui sans appel. « Quand on utilise un média social pour se rapprocher des personnes qui comptent, cela peut être positif pour notre bien-être ». De l’autre côté, « lire passivement des articles ou regarder une vidéo – même si elles sont divertissantes ou informatives – peut ne pas être aussi bon ».
La décision est bien évidemment capitale pour les utilisateurs qui verront changer la nature de leur Fil d’actualités. Moins de publications émanant de médias, d’artistes ou de marques, en gros de pages institutionnelles. Mais plus d’images et de vidéos du petit neveu ou du nouveau chaton du voisin, publiés par ses vrais amis humains.
Les médias, grands perdants de la décision
Pour continuer à lire les publications désormais moins mises en avant, il faudra se rendre directement sur les pages concernées ou bien dans le nouveau Fil explorer, lancé pas du tout innocemment en octobre 2017. Cette décision avait d’ailleurs précédemment été expérimentée dans plusieurs pays (comme la Slovaquie, le Cambodge ou la Bolivie), toujours depuis octobre dernier, entraînant les plaintes de certains médias locaux.
Car les médias seront certainement les grands perdants de cette décision. Certains sites d’informations traditionnels misent beaucoup sur le relais de leurs articles sur leurs réseaux sociaux. D’autres ont même fait le pari de se passer de site et de publier leur production seulement sur les médias sociaux. C’est par exemple le cas de Brut ou du nouveau venu Loopsider, cofondé par l’ancien rédacteur en chef de Libération, Johann Hufnagel.
Le problème des « fake news » n’est plus
Mais de cette manière, Mark Zuckerberg se débarrasse d’un coup d’un seul du problème des « fake news » qui lui empoisonne la vie depuis deux ans. Facebook a ainsi été accusé aux Etats-Unis d’avoir été instrumentalisé par des agents d’influence russes pour inciter les Américains à voter pour Donald Trump.
Une étude de BuzzFeed montrait également à quel point l’année 2017 avait été celles de toutes les « fake news » sur le réseau social. Après avoir tout tenté, par exemple s’allier avec des titres de presse – comme Le Monde en France – pour leur demander de les aider dans la vérification d’informations, Facebook semble donc abandonner la lutte.
La mise en avant des publications de ses amis ajoute aussi une difficulté pour l’entreprise : la réduction de l’affichage des publicités. « Certaines mesures d’engagement baisseront, concède Mark Zuckerberg, mais j’espère aussi que le temps passé sur Facebook aura plus de valeur ».
Des publicités vendues plus cher ?
Là est toute la nuance, ce « plus de valeur » veut bien dire que les publicités seront certainement vendues plus cher aux annonceurs, une logique économique implacable quand on dispose de moins d’inventaire pour afficher des publicités. Un choix pas anodin puisque Facebook capte 70 % du marché de la publicité selon les chiffres de l’Observatoire de l’e-pub.
Vue sous ce prisme, la décision de Mark Zuckerberg ressemble donc bien plus à un virage stratégique de la politique commerciale de sa régie publicitaire et une manière radicale de se débarrasser des « fake news », plutôt qu’à un choix uniquement fait pour le bien et le moral de ses utilisateurs.
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