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Facebook aurait conduit des centaines d’études sur ses utilisateurs

Au cœur de Facebook, une quarantaine de chercheurs puisent dans les données générées par les utilisateurs pour mener des études. Sans réel cadre, ils ont tendance à outrepasser certaines limites de bon sens, comme on l’a découvert récemment.

Un virgule trois milliard. 1 300 000 000. Un nombre si colossal qu’on ne peut pas se le figurer en imaginant des humains côte à côte. Un chiffre vertigineux qui n’est pourtant que le début d’une équation qui a de quoi faire se dresser les cheveux sur la tête. Car, avec son 1,3 milliard d’utilisateurs, Facebook se trouve à la tête, chaque jour, chaque heure, chaque minute et seconde d’une quantité astronomique de données. Un cauchemar ou un rêve selon le côté de la table qu’on occupe.

Un gisement inépuisable

Dans une article publié hier soir, le Wall Street Journal rapporte les propos suivants : Facebook est « le plus grand champ d’étude de l’histoire du monde ». Cette phrase, c’est  Adam Kramer, qui l’a prononcée. En 2012, le responsable de l’étude qui a ébranlé Facebook en début de semaine annonçait déjà la couleur. Ce docteur en psychologie sociale déclarait que dans le milieu universitaire, il devrait publier des papiers et ensuite espérer que quelqu’un les remarque. Alors qu’au sein du groupe Data Science, qui réunit une grosse trentaine de chercheurs, « j’ai juste besoin d’envoyer un message à quelqu’un dans la bonne équipe et ma recherche a un impact en quelques semaines, si ce n’est pas quelques jours », s’enthousiasmait-il dans une interview publiée sur Facebook.

Des apprentis sorciers ?

L’article du quotidien économique américain dresse un portrait un peu inquiétant de la façon dont le Data Science Group fonctionne au sein de Facebook. Il donne ainsi la parole à Andrew Ledvina, un ancien chercheur qui a travaillé au sein de cette équipe entre février 2012 et juillet 2013 : « Il n’y a pas à proprement parler de contrôle. N’importe quel membre de cette équipe peut conduire un test », a-t-il expliqué au journaliste du WSJ. « Ils essaient tout le temps d’altérer le comportement des gens », ajoute-t-il.

Depuis 2007 et sa création, le Data Science Group de Facebook aurait mené des centaines de tests divers et variés. Sur la communication au sein des familles, sur les causes de la solitude, sur la manière dont les comportements sociaux s’étendent sur les réseaux, etc. Ainsi, en 2010, le groupe de scientifiques a mesuré l’impact que des messages de mobilisation politique ont eu sur des élections au congrès la même année.

Aspect positif et inquiétude

Certaines de ces études sont publiées dans des revues spécialisées, ce qui fait que certains membres du milieu scientifique y sont plutôt favorables. « Facebook mérite beaucoup de crédit pour fournir autant d’études dans le domaine public », a déclaré ainsi le professeur associé Clifford Lampe au Wall Street Journal. « Ce serait une réelle perte pour la science », a poursuivi ce chercheur qui a travaillé avec Facebook à dix reprises. Avant de préciser qu’il était en contact avec les membres du Data Science Groupe depuis l’éclatement de cette affaire et qu’ils « écoutent les arguments et les prennent très au sérieux »Facebook maintient qu’il scrute désormais très attentivement ces processus pour les améliorer. Mais une chose semble certaine, les utilisateurs du réseau social devraient garder en tête cette vérité : « Quand c’est gratuit, c’est que c’est vous le produit ». On pourrait désormais ajouter « Quand c’est gratuit, c’est vous le produit… et peut-être le cobaye ». Bienvenue dans le meilleur des mondes.

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Source :
The Wall Street Journal

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Pierre Fontaine