Les semaines passent mais rien ne semble aller mieux pour Mark Zuckerberg et ses alliés. En pleine tempête depuis l’affaire Cambridge Analytica en mars dernier, Facebook a depuis subi la plus grande perte de données de son histoire et voit ses pratiques douteuses exposées dans la presse, comme des opérations de lobbying ou des incitations au mensonge.
Le New York Times, qui enquête sur le réseau social depuis plusieurs mois, révèle aujourd’hui que Facebook a échangé les données privées de ses utilisateurs avec d’autres grandes entreprises de la Silicon Valley. Un article aussi passionnant que préoccupant.
Petits échanges entre amis
On craignait que Facebook ne vende secrètement nos données, il les aurait finalement offertes gratuitement. Un échange qui lui bénéficie évidemment. Les partenaires de Facebook incitent leurs utilisateurs à s’inscrire sur le réseau social, Facebook leur donne accès à de très nombreuses données personnelles afin d’améliorer leur ciblage publicitaire.
Par exemple, le New York Times révèle que le moteur de recherche Bing de Microsoft avait accès à la liste complète de vos amis, sans votre consentement. Grâce à ces informations, il pouvait améliorer ses suggestions. Amazon a de son côté pu compléter sa liste d’informations personnelles sur ses utilisateurs (mail, téléphone etc.) en se basant sur leurs amis. Yahoo pouvait accéder à votre fil d’actualité alors qu’Apple avait accès aux contacts et à l’agenda Facebook de ses utilisateurs, même si ces derniers avaient désactivé l’option. Interrogé par le New York Times, l’entreprise de Tim Cook assure ne pas avoir été mis au courant de cet « accès spécial ».
Le journal confesse lui même avoir eu un deal avec Facebook, qui lui donnait accès à la liste d’amis de ses lecteurs jusqu’à 2011. Au total, plus de 150 entreprises auraient bénéficié de ces « exceptions de confidentialité » et n’auraient pas été soumises aux règles habituelles du réseau social. Certaines entreprises comme Amazon, Yahoo ou le Chinois Huawei (que le gouvernement américain considère comme une menace) auraient aussi partagé les données personnelles de leurs utilisateurs ou clients avec Facebook.
Netflix et Spotify pouvaient lire vos messages
La révélation la plus accablante de cet article du New York Times, l’étrange deal entre Facebook, Spotify, Netflix et d’autres entreprises comme la Royal Bank of Canada. Selon le journal, ces entreprises ont eu accès aux conversations Facebook Messenger de leurs utilisateurs et pouvaient même écrire des messages ou en supprimer. Des porte-parole des entreprises ont assuré n’avoir jamais été mis au courant de cet accès spécial.
Dans un mail adressé à 01net.com, Netflix déclare : « nous n’avons jamais eu accès aux messages privés des utilisateurs sur Facebook ou n’avons demandé la possibilité de le faire. » Le célèbre service de streaming confirme avoir lancé en 2014 une fonction pour recommander des séries et films à ses amis sur Messenger avant de la fermer en 2015, faute de popularité. Netflix n’aurait jamais été mis au courant des privilèges évoqués par le New York Times.
Selon Facebook, ces accès spéciaux ont pris fin en 2010 lors de l’application d’une nouvelle politique de confidentialité. Le New York Times s’étonne néanmoins de ces affirmations, expliquant avoir eu encore accès aux données privées de ses lecteurs jusqu’en 2017. Ces pratiques auraient tout de même bien diminué ces dernières années, Facebook concédant lui-même avoir fait quelques « erreurs ». Reste à savoir quelle sera la réaction du réseau social et de ses dirigeants à cette énième affaire, la liste des révélations ne s’arrêtant pas aux faits évoqués ci-dessus.
Source :
The New York Times
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