Pour célébrer le passage du cap des 500 millions d’inscrits, Mark Zuckerberg invite actuellement les membres de Facebook à partager des anecdotes sur la façon dont l’immense réseau social a changé leur vie. Une célébration de l’amitié et du lien social qui parviendrait presque à dissimuler une autre réalité, dont ne se vante pas le patron le plus entouré de la planète : du fait de son audience exceptionnelle, Facebook est aussi devenu, sur certains sujets, l’un des relais de haine les plus puissants du Web, par le biais de certains « groupes » ou « pages » créés par des membres.
Dernier exemple en date, la page « J’en veux un peu à Adolf, il aurait pu finir le travail quand même… » : 440 membres à ce jour – dont beaucoup d’adeptes du second degré – et une dizaine de liens vers des contenus audio et vidéo ayant trait à la même thématique, qui laissent parfois sans voix. Une haine de l’étranger que l’on retrouve largement dans les commentaires de certains membres… Le plus inquiétant : cette page est en ligne depuis le 26 mai 2010 ! En ce 26 juillet 2010, il est toujours possible de l’ajouter à ses favoris et de cliquer sur « J’aime ».
Deux équipes pour traiter l’ensemble des pages
Voilà donc deux mois que son auteur l’alimente en contenus « incitant à la haine ou à la violence », selon les termes de la Déclaration des droits et responsabilités de Facebook (voir ici). Et ce malgré les nombreuses alertes transmises par d’autres membres grâce au bouton « Signaler » présent sur chaque page.
Une fois le signalement effectué, le site précise : « Un administrateur examinera votre demande et prendra les mesures appropriées. Veuillez remarquer que vous ne recevrez aucune notification concernant les mesures prises suite à ce rapport. » Qui réceptionne ces signalements ? Deux équipes de modération, en Irlande et en Californie, dont on ne connaît pas la taille. Contacté, Facebook n’a pu nous donner de détail pour le moment. Au vu de la passivité des services en question, on peut légitimement penser qu’ils ne sont pas taillés pour traiter des alertes sur des contenus produits par plus d’un demi-milliard d’individus.
Pour Facebook, il s’agit aussi de ne pas franchir la limite entre modération et censure et de distinguer liberté d’expression et volonté de nuire. Or les contenus des membres sont une véritable mine d’or pour l’entreprise, qui, comme n’importe quelle autre société du Web, monnaie son audience auprès des annonceurs. Le site n’a donc aucun intérêt à restreindre les possibilités de ses membres, c’est en tout cas le message qu’il fait passer en communiquant plutôt sur son audience grandissante que sur la modération.
Certaines entreprises comme Modération 24 se font une spécialité de la modération des commentaires indésirables des pages et groupes Facebook. Le service est facturé entre 99 et 2 750 euros par mois en fonction du nombre de messages à traiter.
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