Si le peintre belge Magritte avait parlé de la DG1 d’Intel, il aurait dit « ceci n’est pas une carte graphique ». Présenté pour la première fois à quelques titres de presse dont 01net.com au CES de Las Vegas, la DG1 n’est donc pas une carte graphique commerciale, mais un « Software Developpement Vehicule », un genre de premier jet à destination des développeurs. Il n’empêche : il s’agit de la première puce graphique pour PC de bureau depuis la i740 lancée en 1998. Après cet échec, Intel n’avait plus jamais produit de carte graphique grand public. Et ses « explorations » dans le domaine comme Larrabee avaient fini dans l’impasse – tout du moins, dans le domaine graphique.
La petite carte au format PCI Express que nous avons vu fonctionner est donc une esquisse, une preuve de la réalité du projet qu’Intel a envoyé à une poignée d’éditeurs logiciels et autres développeurs pour les aider à se faire une idée sur la façon dont fonctionne sa nouvelle architecture graphique « Xe ». « Il ne s’agit en rien d’une vraie carte », nous a-t-on mis en garde plusieurs fois.
Rien ne préfigure de la carte finale : ni le format, ni le design, ni les dimensions ni… les performances. Intégrée dans une petite tour (le kit même qu’Intel envoie aux éditeurs logiciels), la carte faisait fonctionner le jeu Warframe « à plus de 30 images par secondes », nous a-t-on assuré. Pas une démonstration de puissance pure en somme, mais, pour les développeurs, de quoi anticiper le fonctionnement de l’architecture. Comme vous pouvez le voir dans la vidéo, le niveau de détail n’a rien à voir avec une GTX 2080, mais au moins le jeu s’exécute et les drivers sont stables.
De l’importance du logiciel… et de la communauté
Cette mise en bouche n’a pas vocation à dévoiler aux développeurs le plein potentiel de la première génération de l’architecture Xe HP (la version qui cible le grand public), mais de « permettre aux éditeurs logiciels de se familiariser avec les outils, les drivers, etc. » Car même sans savoir quelles seront les performances finales de la première carte commercialisée, il faut d’abord s’accorder les bonnes faveurs du monde du soft. « Sans le logiciel, on ne va pas loin », explique Damien Triolet, directeur marketing technique de la division cartes graphiques externes.
Pendant cette phase de présentation technique, Intel veut aussi créer un effet de communauté. « Outre les relations avec les éditeurs logiciels, nous créons aussi des canaux d’écoute de la communauté. Nous avons déjà eu des retours et avons ainsi développé le Retro Scaling pour les jeux d’émulateurs à la demande de la communauté. », explique D. Triolet. Il faut dire qu’entre les fans de Geforce et les amoureux des Radeon, Intel a fort à faire pour se faire une place. Le défi est de taille pour le spécialiste des CPU, mais l’initiative est logique et sur la bonne voie.
Se faire une place entre Nvidia et AMD
Logique pour Intel car « les demandes graphiques explosent et nous sommes attendus dans ce segment aussi bien dans les domaines des serveurs que celui des PC de bureau ou les portables », relate Ari Rauch, Vice-Président en charge de la division graphique. D’où le développement de Xe, une architecture prévue pour être hautement adaptable, du GPU de PC portable au GPU de calcul intensif pour serveur.
Quant à affirmer qu’Intel est sur la bonne voie, il suffit de regarder les sauts de performances effectifs et promis sur les dernières générations de Core pour s’en convaincre. Ils ont doublé les performances graphiques entre l’UHD 620 et l’Iris Plus des Core de 10e génération, et la première implémentation mobile de Xe (dans la prochaine fournée de Core connue sous le nom de « Tiger Lake », ndr) devrait proposer à nouveau un doublement des performances par rapport à Iris Plus.
La partie n’est pas gagnée pour Intel qui a face à lui deux compétiteurs non seulement expérimentés et performants, mais surtout très installés dans les marchés : AMD est le king des consoles et du cloud gaming, Nvidia le roi du jeu PC et des cartes de calcul. Mais outre ses compétences, le numéro 1 mondial des semi-conducteurs à de nombreux effets de leviers possibles – deal avec les fabricants, hégémonie dans les serveurs, etc. Ainsi que suffisamment de trésorerie pour prendre le temps de s’imposer. Et qui sait, se faire une place.
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