Les vélos de course truqués ne sont pas un mythe. La polémique est née en 2010 lors du tour des Flandres où Cancellara distance Boonen dans le mur de Grammont avec une facilité telle qu’il n’a même pas besoin de se lever sur le vélo. La même année, Cancellara remet ça avec une accélération fulgurante sur le Paris-Roubaix.
Et même si vous n’êtes pas un grand fan de vélo peut-être avez vous en tête ces images étonnantes du Canadien Ryder Hesjedal qui, lors de la 7e étape de la Vuelta, après une chute, tente de relever son vélo dont les roues et les pédales continuent étrangement de tourner.
Autant de doutes à l’époque et une condamnation qui n’intervient finalement qu’assez tardivement a l’encontre, cette fois-ci, de la Belge Femke Van den Driessche, suspendue pour 6 ans, en avril dernier, pour dopage technologique. Et cette fois-ci la polémique est tout autre. Certains médias pointent la réaction de l’Union Cycliste Internationale : à croire qu’il est plus simple pour l’UCI de taper sur une participante de 19 ans lors du championnat du monde de cyclo-cross que sur un professionnel pendant le tour de France, par exemple ! Quoi qu’il en soit, la sentence est tombée et l’utilisation de tels moteurs dans le cadre d’une course ne fait plus de doute.
Une intégration super discrète
Le vélo que nous avons testé nous a été prêté par Bike Concept, un revendeur belge, visiblement habitué à travailler avec le principal constructeur de ce moteur. Il s’agit en l’occurrence de la société Autrichienne Vivax, ayant surtout une activité en Belgique, en Allemagne et en Autriche.
D’apparence classique, ce vélo qui porte le nom d’Urrben, dissimule en fait, dans sa gourde, une batterie lithium-ion (Panasonic) de 6 Ah pour laquelle il est difficile de mesurer une autonomie. En effet, pour éviter justement le phénomène du “vélo toupie” et des pédales qui tournent dans le vide alors que personne n’est dessus, le moteur se coupe automatiquement au moindre blocage des pédales ou freinage du cycliste. Par ailleurs, cette autonomie sera fonction du relief de la route, du poids du cycliste et de sa capacité à tirer le vélo. Christophe Lefebvre, vendeur chez Bike Concept, nous explique qu’il y a également une batterie de plus brosse capacité (9 Ah) offrant plus d’autonomie. Elle est proposée sous la forme d’une sacoche qui s’attache sous la selle, mais elle s’avère beaucoup moins discrète.
Le moteur est, quant à lui, intégré dans le cadre du vélo et a fait l’objet d’un assemblage de précision, nous dit-on, pour ne pas esquinter la pignonnerie. En effet, la puissance lorsqu’on active l’assistance est développée d’abord par un apport de 200 Watts, puis se stabilise à 150 watts. Nous y reviendrons.
Pour en finir avec l’intégration et la composition de ce dispositif, notons la présence d’un bouton sur le côté droit du guidon, alimenté par une pile installée du côté gauche le tout communiquant sans fil avec un capteur placé sous la selle. Ce dernier pilote une carte électronique qui actionne le moteur. Le tour est joué !
Magique dans les moments difficiles
Il est impossible d’activer le moteur à l’arrêt, il faut d’abord s’élancer avec quelques coups de pédales, puis presser le bouton magique. Si l’intégration est ici au bas du guidon, une installation plus discrète et plus naturelle au niveau de la cocotte est tout à fait possible. Quoi qu’il en soit le résultat reste le même. Une fois activé, le moteur adopte une cadence continue, qu’il est possible par ailleurs de définir manuellement, en pressant pendant 10 secondes sur le bouton.
Le résultat est assez magique. En fonction du relief de la route, qu’on soit sur du plat ou en montée, à condition de choisir le bon braquet, on fonce ou on grimpe avec un minime d’effort… ou presque. Nous ne sommes que des sportifs du dimanche et nous avons réussi à maintenir une moyenne de plus de 20 km/h avec des pointes de près de 42 km/h si on croit les données collectées par notre montre Garmin Forerunner 235.
Mais pour cette dernière vitesse de performance, il nous aura tout de même fallut pousser sur les jambes, comme l’atteste notre courbe cardio. De quoi attaquer une journée en se sollicitant un peu.
En effet, en vitesse de pointe, nous avons remarqué que le moteur ne se fait quasiment plus ressentir au-delà de 25 km/h environ. Mais ce vélo Urrben utilise une structure en aluminium assez légère qu’on prend plaisir à manier : environ 11,7 kg dont 1,8 kg pour le poids du moteur et son électronique.
Vous l’aurez donc sans doute compris, novice du vélo que nous sommes et tout truqué qu’il est, nous aurons pris beaucoup de plaisir avec l’Urrben. Car si son moteur prend une dimension illégale en compétition – l’UCI devrait d’ailleurs être vigilante lors du prochain tour de France – nous l’avons surtout trouvé génial pour l’assistance qu’il apporte dans les phases vraiment compliquées. D’ailleurs, à en croire les propos du vendeur de Bike Concept, cette technologie est aussi privilégiée par les anciens grands rouleurs, professionnels ou non, dont la condition physique n’est plus ce qu’elle était.
Cette solution leur permet de continuer à faire de longues balades à vélo, et pour certains, cela n’a pas prix… ou plutôt si : comptez environ 3000 à 3500 euros pour l’intégration du dispositif sur votre propre vélo (compatible avec la majorité des systèmes shimano), ou 6000 euros pour le Bike Concept Urrben.
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