L’échéance a été maintes fois repoussée. La RATP a engagé la couverture en 3G et 4G de l’ensemble de son réseau en 2012, annonçant d’abord que les travaux seraient terminés fin 2015, puis fin 2016, avant de se fixer comme date butoir le 31 décembre 2017.
A presque sept mois du but, nous avons voulu connaître l’état d’avancement du projet. Nous sommes en mesure de vous annoncer aujourd’hui qu’il reste 65% du métro parisien à couvrir en 3G ou 4G, stations et inter-stations comprises. Sur la totalité des 752 stations et inter-stations, seules 263 sont effectivement déjà opérationnelles.
Pour parvenir à ces résultats que nous publions en collaboration avec BFM Paris, nous avons fait appel aux services d’IP Label, spécialiste de la mesure de qualité des services internet, et qui développe déjà l’application 01net Speed Test. Ses experts ont parcouru durant quatre jours, début avril, le réseau métropolitain avec trois objectifs. Déterminer quelles stations et inter-stations étaient couvertes en 3G et 4G. Voir si le signal capté permet effectivement de se connecter à Internet. Et constater si des différences apparaissent selon les opérateurs. Vous trouverez tous les détails de l’expérimentation dans notre encadré (en bas de l’article).
Notre carte de la couverture 3G/4G du métro parisien
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129 stations sont couvertes en 3G ou 4G
Nous comptabilisons 129 stations de métro actuellement couvertes en 3G ou 4G sur 383 au total*, soit 33,7%. Mais le taux n’est que de 31% si l’on ne prend en compte que la 4G. Il convient également de préciser que 27 stations de métro sur les 129 couvertes sont aériennes. Le réseau extérieur des opérateurs y étant capté, elles n’ont donc pas nécessité de travaux particuliers.
Sur les 369 inter-stations, 134 sont actuellement couvertes en 3G ou 4G, soit 36,3 %.*
Si l’on analyse les mesures ligne par ligne, on constate sans surprise que la ligne 1 est la plus avancée comme le reconnaît elle-même la RATP. Sa couverture est presque totalement achevée. La ligne 6, qui comporte 13 stations aériennes est également bien pourvue. A l’inverse, la ligne 12 est mal couverte comme la 3, la 10, la 9 la 8 ou la 7. Mais c’est la 11 qui souffre le plus. Cette ligne est la seule à ne comporter qu’une seule station couverte, à savoir Châtelet.
Vous trouverez ci-dessous la carte dynamique de la couverture 3G et 4G du métro parisien. Vous pouvez isoler une ligne, un opérateur et le type de réseau :
Une connexion Internet aléatoire
La promesse de la 3G et de la 4G, c’est de pouvoir se connecter à Internet. Capter le signal ne le garantit pourtant pas. Nos tests montrent que cinq stations et une inter-station couvertes n’offrent ainsi aucune connectivité. Mais accéder à Internet ne signifie pas pour autant que vous allez être en mesure de lire une vidéo en streaming ou de télécharger une application. Nous avons en effet considéré qu’il y avait un accès internet à partir du moment où nous avons réussi à télécharger un fichier de 8126 o toutes les 10 secondes.
Par ailleurs, la 4G n’est pas forcément plus performante que la 3G dans le métro, alors que la première devrait pourtant garantir un meilleur débit en théorie.
Rappelons que le second objectif de la RATP, une fois la couverture achevée, sera de densifier le réseau. Aujourd’hui, elle reconnaît officiellement que seule une vingtaine de stations, métro et RER compris, sont en situation de pleine capacité.
Ajoutons que la qualité de la connexion est dépendante de très nombreux facteurs que nous détaillons en bas de cette page.
Quant au réseau 2G, il a été lancé à l’origine pour la voix et le SMS. Mais ses évolutions ultérieures ont permis de transporter de la data. Aujourd’hui, on capte encore du GPRS ou du Edge dans le métro avec des débits allant, dans le meilleur des cas, de 171 Kbit/s pour le GPRS à 384 Kbit/s pour l’Edge. Ce qui peut permettre, quand il y a peu d’affluence, d’afficher une page web ou d’envoyer un mail… mais 30 fois plus lentement qu’en 3G. 467 stations et inter-stations sont concernées par cette “connexion 2G”.
Si l’on analyse les mesures ligne par ligne, on constate sans surprise que la ligne 1 est la plus avancée comme le reconnaît elle-même la RATP. Sa couverture est presque totalement achevée. La ligne 6, qui comporte 13 stations aériennes est également bien pourvue. A l’inverse, la ligne 12 est mal couverte comme la 3, la 10, la 9 la 8 ou la 7. Mais c’est la 11 qui souffre le plus. Cette ligne est la seule à ne comporter qu’une seule station couverte, à savoir Châtelet.
Ci-dessous notre carte d’accès à Internet dans le métro :
Pas uniquement une question d’argent
Au global, on constate des disparités entre les opérateurs. Orange réalise les meilleures performances en couvrant 31% du métro, suivi par Bouygues Telecom (29,5%), puis SFR (26,3%) et enfin Free Mobile (19,5 %).
Voici le détail en graphiques. Les stations sont à gauche, et les inter-stations à droite :
Concernant la 4G seule, là encore, Orange arrive en tête avec 97 stations couvertes, suivi par Bouygues Telecom (91), SFR (56) et Free Mobile (19).
Rappelons que c’est la RATP, via ses filiales et des prestataires, qui réalise le déploiement des antennes 3G et 4G. Les opérateurs choisissent ensuite au cas par cas d’y raccorder leur réseau. Contacté à ce sujet précis, le responsable du réseau Ile-de-France de Bouygues Telecom Jean-Bastien Guiral nous a confirmé que “chaque opérateur est libre d’effectuer les travaux ou non pour apporter les services qu’il veut à ses clients”. Une question d’argent mais pas seulement. La RATP doit apporter des solutions techniques afin que les opérateurs puissent déployer partout où cela est possible. L’un d’entre-eux nous a confirmé être parfois obligé d’éteindre des cellules pour respecter les normes concernant le dégagement thermique.
Le métro parisien est particulièrement difficile à couvrir
A la décharge de la RATP, rappelons que le métro parisien est une vieille dame née en 1900 et que son maillage est très dense. Impossible de le comparer à des métros très récents comme celui de Séoul ou Hong-Kong parfaitement couverts en 4G. Le métro londonien, par exemple, qui date de 1863, n’offre que du Wi-Fi (même chose à Moscou ou New-York) et pas de 4G. Ailleurs, comme à Barcelone, le choix a été fait de n’ouvrir le réseau qu’à un nombre limité d’opérateurs.
Outre cette ancienneté, Paris cumule plusieurs difficultés. Le programme 3G et 4G est beaucoup plus complexe que celui de la 2G rondement mené dans les années 2000. Cette fois, il ne s’agit pas d’une mais de deux technologies à déployer sur trois bandes de fréquence différentes. Cela nécessite d’installer à terme 3000 antennes et 300 km de câble en fibre optique. Et il n’y a plus trois mais quatre opérateurs. Interrogé sur les difficultés du projet avant que nous ayons obtenu le résultat des mesures, le responsable du programme 3G et 4G de la RATP Mathieu Portier nous faisait déjà observer que “les infrastructures sont mutualisées, ce qui nécessite de trouver de la place pour chacun des opérateurs dans les locaux techniques”. Or, il faut créer un local technique par station. On vous laisse imaginer le casse-tête avec des stations traversées par plusieurs lignes, comme Gare de Lyon.
Ce n’est pas tout : il est impératif de trouver, à chaque fois, un moyen d’évacuer la chaleur générée par le fonctionnement de ces quatre réseaux mobiles. Enfin, poser des antennes ne peut se faire que lorsque le métro est fermé au public donc quelques heures seulement par nuit. Intervenir dans les tunnels est encore plus compliqué car ils sont souvent mobilisés par des opérations de maintenance.
Reste maintenant à savoir si la RATP tiendra bien son dernier objectif et si elle parviendra à achever la couverture 3G et 4G, ou tout du moins, la majeure partie de son réseau, d’ici le 31 décembre 2017. Nous le vérifierons avec de nouvelles mesures bientôt et une nouvelle carte de la couverture, réelle et effective, de la 4G dans le métro.
(*) La RATP communique sur 303 stations de métro. Nous avons choisi un calcul différent. Chaque quai d’accès est considéré comme une station. Exemple : nous comptabilisons trois stations “Concorde” (une sur la ligne 1, une sur la ligne 8 et une sur la ligne 12). Ainsi, au total, nos mesures portent sur 383 stations de métro. Nous avons fait le même calcul pour les liaisons entre les stations (inter-stations).
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