La promesse d’un téléphone plus durable prend enfin corps : lancé il y a bientôt deux ans, le Fairphone 2 va connaître sa première mise à jour matérielle. Oui, vous avez bien lu : il ne s’agit pas d’une « simple » évolution logicielle, mais bien d’une amélioration des composants, une opération quasi inédite dans le domaine des téléphones. Conçu pour être le plus modulaire et réparable possible (c’est le seul smartphone à avoir reçu la note de réparabilité de 10/10 sur iFixit), le Fairphone 2 dispose en effet de modules caméra conçus dès le départ pour être détachables et remplaçables.
Dans le courant du mois de septembre, les nouveaux acheteurs du Fairphone 2 recevront ainsi des terminaux équipés de ces nouveaux modules avant et arrière, dont les équipes de Fairphone nous assurent qu’ils sont de « bien meilleure qualité », tant du point de vue matériel que logiciel. Pas plus de détails quant aux composants choisis, mais le vénérable module arrière Omnivision OV8865 va laisser la place à une référence plus récente et plus performante. Ou comment Fairphone arrive à tenir une promesse pour laquelle Google, avec son projet Ara, a jeté l’éponge. La performance est d’autant plus belle que ce fut loin d’être une partie de plaisir.
Renouvellement technologique effréné
« Même si nous avions conçu la plateforme comme modulaire, la mise à jour du module caméra s’est avérée plus compliquée et plus complexe que prévu », nous explique Olivier Hébert, directeur technique de Fairphone. L’idée initiale était de remplacer un module par un autre. Le hic, c’est que l’industrie va vite. Trop vite : « Quand nous avons contacté notre partenaire pour développer le module selon nos spécifications, ce dernier s’était déjà débarrassé de la plateforme technique utilisée par notre Fairphone 2 (Qualcomm Snapdragon 801, ndlr) car elle est obsolète aux yeux de l’industrie. Il nous a fallu lui envoyer la nôtre ! », s’amuse Olivier Hebert. Et une fois le kit reçu, les équipes techniques de Fairphone ont dû travailler non pas avec les équipes de développement mais avec celles… du support.
« Tout va tellement vite que les ingénieurs travaillent toujours sur la génération d’après. Avec notre rythme plus lent, il nous a fallu travailler avec le support technique pour trouver des solutions ». Le défi ? Intégrer un nouveau capteur sur une “vieille plateforme”. Un casse-tête aussi bien matériel que logiciel, « surtout quand on est petit et qu’on représente de petits volumes », détaille-t-il. Avec plus de 70.000 exemplaires vendus (60.000 pour le Fairphone 1), l’aventure Fairphone est certes une belle prouesse, mais à des kilomètres des ténors du secteur qui livrent les terminaux par millions voire par dizaines de millions.
Le défi des pièces détachées
Que ce soit pour le remplacement (casse, panne) ou l’évolution, le problème principal est celui de l’identification des bonnes pièces… et de leur approvisionnement. « Deux scénarios nous sont ouverts : acheter suffisamment de pièces en amont, ou effectuer des améliorations de design pour pouvoir intégrer des pièces futures », explique Olivier Hébert. « Selon les cas de figure, nous avons recours à l’une ou l’autre de ces solutions. Mais cela demande du travail et, dans le cas de l’achat de pièces, du cash ». Un cash qui ne coule pas à flot dans une si petite entreprise.
Pour guider, il faut grandir
L’origine du projet Fairphone est de proposer des téléphones qui soient non seulement durables, mais responsables. L’entreprise qui se définit comme « lucrative à vocation sociale » travaille d’arrache-pied, non seulement pour assurer de bonnes conditions de travail aux ouvriers asiatiques mais aussi pour surveiller l’approvisionnement des matières premières. C’est ainsi Fairphone qui a créé le premier circuit d’approvisionnement en or équitable à destination de l’industrie électronique. Un progrès qui est le vrai leitmotiv de l’entreprise.
Le fondateur de Fairphone, Bas Van Abel, nous confiait en 2014 que « c’est d’ailleurs notre rôle principal : plus que de devenir le prochain Samsung, nous allons défricher le terrain pour que ces progrès profitent à tous ». Un rôle de moteur éthique qui demande des ressources. « Nous sommes petits et pour continuer à avoir un impact, il va nous falloir grandir en trouvant des investisseurs », explique Olivier Hébert.
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