Naufrage en vue. En effet, le site de contenu et le fournisseur d’accès à Internet (FAI) à haut débit Excite@home est proche de la cessation de paiement. Il s’agit pourtant d’une des sociétés les plus importantes d’Internet : elle figure au cinquième rang en termes d’audience, avec 36,9 millions de visiteurs uniques par mois en juin selon MMXI.En 2000, l’entreprise a enregistré un chiffre d’affaires pro forma de 629,2 millions de dollars (688,9 millions d’euros), une performance inférieure aux recettes générées par Yahoo! (1,1 milliard de dollars), mais supérieure à celle de Terra Lycos (576,3 millions d’euros).” Nos capacités financières pourraient ne pas être suffisantes pour financer nos opérations jusqu’à la fin de l’année “, concède la société américaine dans un document remis lundi à la SEC, l’autorité de contrôle de la Bourse américaine.La note est présentée comme un document additionnel au rapport d’activité de l’année 2000. Cependant, elle insiste largement sur la situation actuelle, présentée sous un jour accablant.
Un chiffre d’affaires divisé par deux
A l’origine de la crise, la chute des recettes publicitaires depuis le début de l’année. Celles-ci s’élèvent à 73,6 millions de dollars au premier trimestre 2001, contre 151 millions de dollars pour la même période de l’année dernière.Pour remédier aux problèmes, l’entreprise a étudié la possibilité de cession, voire de fermeture des sites de contenu. Cependant, cette hypothèse a fait long feu. ” La fermeture des sites pourrait coûter davantage que leur maintien en activité, et ce, malgré les pertes qu’ils occasionnent “, estime Henry Blodget, analyste à Merril Lynch.De plus, les repreneurs potentiels se font rares dans le contexte actuel : la société américaine a en effet échoué dans la vente des portails allemand, espagnol et français à la fin du printemps.Par ailleurs, la forte croissance du nombre d’abonnés ?” 3,7 millions au 30 juin, en hausse de 101 % sur un an ?” n’a pas suffi à pallier l’effondrement des recettes publicitaires.Dans le même temps, la société estime que les propriétaires des réseaux câblés AT&T, Cox Communications et Comcast ?” qui sont également actionnaires d’Excite@home ?” n’ont pas engagé les sommes nécessaires à la modernisation de leur infrastructure. Le FAI risque donc d’avoir des problèmes pour attirer de nouveaux clients, d’autant que les contrats qui font d’Excite@home le partenaire exclusif d’AT&T, Cox Communications et Comcast dans la fourniture d’accès à Internet à haut débit viennent à échéance en juin 2002.
Une trésorerie à sec
Sur le court terme, Excite@home a besoin de liquidités. La société a pourtant obtenu une rallonge de 185 millions de dollars (202,6 millions d’euros), grâce, notamment, à AT&T, en juin 2001.” Nous ne pouvons pas garantir que nous serons en mesure de trouver de nouveaux financements, si jamais nous en obtenons “, écrit toutefois la société dans le document remis à la SEC. Aussi l’entreprise devra-t-elle convaincre son principal actionnaire, AT&T ?” qui détient 23 % du capital, mais 74 % des droits de vote ?”, d’injecter à nouveau de l’argent frais au sein de sa filiale.Faute de solutions, Excite@home, qui emploie environ 2 000 personnes, privilégie les licenciements. Elle a supprimé deux cents postes supplémentaires vendredi, portant à six cents les réductions d’effectifs depuis le début de l’année.
Les investisseurs quittent le navire
La chute du titre au Nasdaq menace également l’avenir de Excite@home. Le titre, déjà considérablement affaibli, a perdu lundi près de la moitié de sa valeur, pour terminer à 47 cents, soit un plongeon de 40 cents en une seule séance.Avec un prix inférieur à un dollar par action, la société risque d’être décotée du Nasdaq. Dans cette hypothèse, Excite@home devrait rembourser un plan d’obligations convertibles en actions d’une valeur de 100 millions de dollars (109,5 millions d’euros).Surpris par le ton volontairement pessimiste du rapport, les analystes s’attendent désormais à une mise en faillite. ” Si Excite@home est sortie du Nasdaq, cela équivaudra à une faillite, déclare Henry Blodget. La société devra ensuite être réorganisée en vue d’une vente par appartements “.
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