Facebook et Instagram utilisent-ils des « interfaces trompeuses » pour pousser leurs utilisateurs à conserver un fil d’actualités « basé sur le profilage », décrit comme « toxique » ? C’est la question posée par quatre organisations européennes qui ont porté plainte le mardi 15 avril devant la Coimisiún na Meán, le coordinateur irlandais des services numériques, au nom d’un utilisateur irlandais de ces deux réseaux sociaux.
Sur Facebook et Instagram, les utilisateurs peuvent choisir de faire face à un fil d’actualité qui n’est pas basé sur leur profil et les algorithmes de recommandation de Meta, leur maison mère – un contenu décrit comme moins nocif pour la santé mentale par des associations. Concrètement, ces derniers ne voient que des contenus postés par des personnes qu’ils suivent, classés par ordre chronologique.
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Problème : les internautes doivent passer par plusieurs manipulations pour choisir ce flux d’actualité, et répéter l’opération à chaque réouverture de ces applications. Par défaut, c’est le flux d’actualité basé « le profilage » qui s’affiche.
Meta « a un intérêt financier évident à maintenir les utilisateurs sur le flux basé sur le profilage, même contre leur gré »
Or, le fait de rendre difficile d’accès ce fil d’actualité alternatif est une violation du DSA, le règlement européen sur les services numériques, selon des associations de défense de la vie privée et des droits numériques, à savoir : European Digital Rights (EDRi), Gesellschaft für Freiheitsrechte (GFF), Bits of Freedom, et Convocation Design + Research.
Pour Jan Penfrat, conseiller politique principal au sein d’EDRi cité dans un communiqué publié le 15 avril, « le fait de cacher aux utilisateurs les contrôles de leur fil d’actualité, et d’annuler régulièrement les réglages effectués par les utilisateurs souhaitant éviter que des contenus toxiques soient poussés sur leurs écrans par des algorithmes, constitue une violation flagrante du DSA ». Les organisations déplorent les « interfaces trompeuses » de Meta qui rendent « inutilement difficile le choix et la conservation d’un flux de contenu qui n’est pas basé sur le profilage ».
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La raison est simple, écrivent-elles : les flux d’actualité, basés sur le profil de chaque utilisateur, « permettent de capter plus efficacement l’attention de ces derniers et de maximiser le temps qu’ils passent sur la plateforme. Plus de temps passé sur la plateforme signifie plus de publicités affichées, ce qui augmente directement les revenus de Meta. L’entreprise a donc un intérêt financier évident à maintenir les utilisateurs sur le flux basé sur le profilage, même contre leur gré », écrivent-elles.
Or, ces « systèmes de recommandation déterminent en grande partie le temps que nous passons avec tel ou tel contenu sur les médias sociaux. Ils ont un impact significatif sur nos vies et notre bien-être mental », rappelle Simone Ruf, directrice adjointe du Centre pour les droits des utilisateurs, GFF, citée dans le communiqué. Contacté par 01net.com ce mercredi 16 avril, Meta n’a pas souhaité commenter ce nouveau recours en justice. Depuis près d’un an, le géant américain est l’objet de plusieurs enquêtes de la Commission européenne, sous l’égide du DSA, pour ses politiques et pratiques en matière de publicité, de modération de contenus, et de protection des mineurs.
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