Passer au contenu

Européennes : des hackers russes propagent des fake news pour favoriser l’extrême droite

En vue de la prochaine élection, des pirates pro-Kremlin participent à la diffusion de fausses informations dans de nombreux pays d’Europe. Leur caisse de résonance ? Les groupes d’extrême droite européens qui reprennent et amplifient ces contenus sur la Toile. 

Après les élections présidentielles américaines en 2016, les pirates russes tentent de hacker le scrutin européen qui aura lieu dans à peine deux semaines. D’après le New York Times, les  citoyens européens subissent des salves de désinformation en provenance d’officines pro-Poutine et anti-Union Européenne. 

La campagne de propagande sur le Net toucherait plusieurs pays membres. En Italie, par exemple, plusieurs sites politiques portent les mêmes signatures électroniques que des plates-formes pro-Kremlin. Tandis qu’en Allemagne, deux groupes politiques d’extrême droite utilisent les mêmes serveurs que les pirates russes qui ont attaqué le Comité national des Démocrates américain, il y a trois ans. 

La propagande 2.0

Ces éléments prouvent que les velléités russes restent intactes quant à l’affaiblissement des institutions occidentales. Et malgré les efforts de fact-checking déployés par les entreprises technologiques américaines, il demeure beaucoup plus facile de répandre de fausses informations que de les arrêter. La war room récemment ouverte par Facebook à Dublin ne suffit visiblement pas.

La force de frappe des désinformateurs russes est amplifiée par la résonance de ses idées dans les milieux d’extrême droite européens, d’après le quotidien américain. Ce qui rend difficile la distinction entre propagande russe, désinformation d’extrême droite et le véritable débat politique.

Néanmoins, ce qui est sûr, c’est que les théories conspirationnistes sont colportées librement sur Facebook, Twitter, groupes WhatsApp et autres sites Web identifiés à l’extrême droite de l’échiquier politique. Les réseaux sociaux sont les outils parfaits pour servir cette nouvelle forme de propagande. 

« Ils travaillent à détruire tout ce qui a été construit »

Le mécanisme est simple : les théories conspirationnistes fleurissent dans les médias russes. Puis, les réseaux sociaux se chargent ensuite de répéter et d’amplifier ces fake-newsParfois, elles sont soigneusement camouflées.

Selon le journal américain, Facebook a fermé la semaine dernière plusieurs de pages en Italie  : elle cachaient des messages politiques d’extrême droite dans ce qui semblait être à première vue des sites sans rapport avec la politique, se présentant comme des pages sport ou lifestyle. Ces pages de propagande masquée violent les conditions d’usage du réseau, comme le rapporte Avaaz

« L’objectif ici est plus ambitieux que pour n’importe quelle élection », a déclaré au New York Times Daniel Jones, un ancien analyste du FBI et enquêteur au Sénat qui a récemment signalé plusieurs sites Web et comptes sociaux suspects. « Il s’agit de diviser constamment, d’accroître la méfiance et de miner notre foi dans les institutions et la démocratie elle-même. Ils travaillent à détruire tout ce qui a été construit après la Seconde Guerre mondiale. »

De son côté, la Russie dément

Accusé d’ingérence, le Kremlin nie toute implication dans cette campagne de désinformation. 

« Les élections n’ont pas encore eu lieu, et nous sommes déjà soupçonnés d’avoir fait quelque chose de mal », a déclaré, en mars, le premier ministre russe, Dmitri A. Medvedev. « Le fait de soupçonner quelqu’un d’un événement qui ne s’est pas encore produit n’est qu’un ramassis d’absurdités paranoïaques. »

Mais les preuves sont tangibles et liens avérés sur la toile. Selon plusieurs sources émanant de l’UE citées par le New York Times, un même compte Google est à l’origine d’un site pro-russe « Je suis avec Poutine », d’une page anti-UE « StopEuro » et du site officiel de campagne Matteo Salvini.

Objectif : semer le doute

Selon le New York Times, il est impossible de quantifier le phénomène. Les chercheurs parlent d’au moins un million de personnes touchées. Concernant l’incidence sur le scrutin, le débat n’est pas tranché. Les chercheurs soulignent que la conséquence principale est de semer le doute, flouter les lignes entre les vraies et les fausses informations, et de tenter de rompre les liens entre les citoyens et leurs institutions.

Les élections européennes qui vont renouveler les 705 eurodéputés auront lieu du 23 au 26 mai 2019, dans 28 États et 24 langues. Un défi gigantesque en termes de lutte contre la désinformation sur Internet.

Source : The New York Times

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Marion SIMON-RAINAUD