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Etre 2002 : à la recherche de la croissance perdue

Modestie et retour aux fondamentaux semblent être les nouveaux credo de l’industrie high-tech pour retrouver le chemin de la croissance, comme en témoignent les débats qui se sont tenus à la conférence Etre, cette semaine à Séville.

L’industrie high-tech souffre. Ses entreprises ténors peinent à atteindre leurs objectifs financiers sans cesse revus à la baisse. Ses start-up ne parviennent pas à se financer. Ses capitaux-risqueurs ne voient pas de retour sur leurs investissements passés.C’est donc dans une atmosphère tendue et peu encline à l’exubérance que s’est déroulée pendant trois jours, à Séville, la conférence European Technology Roundtable Exhibition (Etre).Réunissant chaque année, depuis douze ans, le gotha de la high-tech pour débattre de l’évolution du secteur, la conférence est très prisée des entrepreneurs européens et des investisseurs, pour les contacts qu’elle permet avec les dirigeants des entreprises leaders américaines.Cette année, donc, les dirigeants des poids lourds de la high-tech ont surtout tenté de rassurer l’auditoire, ponctuant leurs discours de notes optimistes. Ils ont également essayé de faire partager leur vision quant aux remèdes à administrer à cette industrie afin qu’elle recouvre rapidement la santé.

L’industrie doit se laver de ses fraudes

Car le diagnostic n’est pas bon. ” Le Nasdaq n’est pas sous-évalué, déclare d’entrée de jeu Paul Deninger, chairman et CEO de la société d’investissement Broadview, laissant présager une année 2003 encore noire pour les marchés financiers. Car la plupart des entreprises à petites et moyennes capitalisations ne sont pas profitables. “” Trois cents entrées au Nasdaq en 2000 contre quinze en 2002. Il y a danger pour l’industrie “, lance Alex-Serge Vieux, CEO de Dasar, l’organisateur de la conférence. ” Le risque d’un ralentissement de l’innovation technologique est bien rée
l “, confirme Eric Benhamou, chairman de 3Com et de Palm.Sans sortie possible, les investisseurs rechignent à placer leurs fonds dans les start-up high-tech. Or, note Eric Benhamou, chairman de 3Com et de Palm, ” l’innovation naît dans les start-up,
pas dans les entreprises établies”. Et d’ajouter que la confiance des investisseurs envers les valeurs technologiques ne s’établira que lorsque cette industrie se sera lavée de ses fraudes.Quand la reprise interviendra-t-elle ? Personne ne se hasarde à prédire un calendrier. ” À la fin de 2003 pour le marché grand public, peut-être. Plus tard pour les télécoms “, avance, cependant, Paul Deninger. Tout en s’empressant d’ajouter qu’il ne faut pas compter sur une éventuelle reprise pour réajuster son modèle de business aux exigences du marché, voire pour se lancer.Car les capitaux-risqueurs restent intéressés par les sociétés technologiques, notamment dans les domaines de la sécurité et de l’électronique grand public. Néanmoins, précise un investisseur, ” nous examinons avec beaucoup plus d’attention qu’auparavant la réelle adéquation du produit avec les besoins du marché. Nous étudions le niveau de différenciation de la technologie par rapport à la concurrence en termes de fonctionnalités ou de prix. Et nous nous assurons que le ticket d’entrée soit suffisamment élevé pour que la start-up
bénéficie d’une avance vis-à-vis de concurrents potentiels”.Le message principal diffusé à l’assemblée des entrepreneurs semble donc être le retour aux fondamentaux : rester à l’écoute du marché et se concentrer sur les besoins des clients. Le conseil semble évident de prime abord, mais témoigne bien des égarements de l’industrie de la high-tech sur ce plan. “Ne pas faire de l’argent la motivation principale “, ajoute Umang Gupta, lui-même créateur d’entreprise à plusieurs reprises (Gupta, Powersoft…) et aujourd’hui CEO de Keynote. “Et réaliser que les technologies informatiques évoluent selon des cycles et qu’il y aura toujours un cycle suivant. ” Sous-entendu : qui peut rendre obsolète votre produit.

Il reste des opportunités de business

Optimiste, Craig Barrett, CEO d’Intel, juge qu’en dépit de la récession actuelle il reste des opportunités de business. “Le monde numérique continue de se développer. L’extension d’Internet se poursuit. Le besoin de communications large bande ou sans fil va augmenter. Et les applications aujourd’hui en place ne répondront pas aux besoins de demain “, affirme-t-il.Concernant plus particulièrement le marché des entreprises, Lars Nyberg, CEO de NCR souligne que ?” malgré la pression sur les dirigeants d’entreprise en termes de retour sur investissement et celle sur leurs directeurs informatiques pour qu’ils réduisent les coûts ?” la demande en solutions informatiques persiste.En effet, les entreprises ont plus que jamais besoin de traiter leurs données. Cela les aide à prendre des décisions rapidement et à agir en conséquence pour réaliser leur objectifs financiers, par exemple en faisant évoluer leurs process.Positif, Tim Koogle, chairman de Yahoo!, voit même l’endroit de la médaille, aujourd’hui sur le revers : certes, il y a eu un excès de capacité réseau disponible, qui a coûté la vie à des opérateurs comme Global Crossing ou Worldcom. Mais cette capacité existe désormais en quantité suffisante pour de nouveaux usages. Certes, Internet a échoué par certains aspects, mais la base installée est là, énorme, et encore en croissance, offrant un potentiel inouï. Il prédit, en effet, 1 milliard d’utilisateurs dans le monde en 2006 contre 615 millions en 2002.

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Bénédicte de Linarès