Ethernet va-t-il sortir du réseau local pour gagner Internet ? C’est l’ambition que certains lui prêtent, grâce, en partie, au débit de 1 Gbit/s atteint depuis juin 1999 et à celui de 10 Gbit/s qu’il devrait atteindre en 2002. En cela, Ethernet se propose d’effectuer le chemin inverse de celui qu’avait emprunté ATM auparavant (lire encadré). Outre la suppression des passerelles d’une trame à l’autre, Ethernet devrait offrir une bande passante bon marché en améliorant la qualité de transmission vocale et vidéo, et gommer la séparation entre LAN et réseaux étendus, WAN ou MAN (Metropolitan Area Network).Outre ces avantages techniques, le fait qu’Ethernet ait définitivement gagné la bataille du LAN face à ses rivaux Token Ring d’IBM ou 100VG-AnyLAN de HP est sans doute une raison supplémentaire à la mise en avant de cette nouvelle application.Les fabricants sont les premiers promoteurs de ce nouvel Ethernet. “Ethernet, déjà en position dominante sur le LAN, est performant, pas cher et facile à installer, affirme Olivier Seznek, directeur technique de Cisco France. Tous les opérateurs attendent nos réalisations pour alléger leur facture et remplacer SDH [technologie largement déployée dans les réseaux métropolitains, Ndlr].”
“ATM est une horreur à mettre en place. Nous misons tout sur Ethernet”, surenchérit Philippe Dufour au marketing européen de la division opérateur de 3Com. Sa première société affiliée, Atrica, issue de ses laboratoires, (lire Décision Micro & Réseaux n?’ 437) développe d’ailleurs Ethernet pour les réseaux métropolitains. Ses premières réalisations sont attendues dans les six prochains mois. Jean-Michel Courtot, consultant en France chez Extreme Networks, signale un autre atout d’Ethernet :“L’encapsulation [en anglais overhead, Ndlr] d’Ethernet dans IP est négligeable, face aux 18 % de bande passante perdue d’une solution SDH/ATM/IP.”
Un consortium pour la promotion du 10 Gigabit
La 10 Gigabit Ethernet Alliance (10 GEA) est née en février dernier et réunit sept industriels (3Com, Cisco, Extreme Networks, Intel, Nortel, Sun et World Wide Packets). Ce consortium, sous la houlette d’Extreme Networks, se propose de promouvoir l’Ethernet longue distance. De l’avis de ses prosélytes, celui-ci apporte une ma”trise accrue de l’interface entre la fibre optique et les trames Ethernet ainsi que le transport des données sur de plus longues distances.Le fait est que la fibre optique est capable de transporter Ethernet au loin, à 2 km pour la fibre multimode et de 70 à 130 km sur la monomode. Aujourd’hui, le principal défi pour les fabricants consiste à adapter la commutation Ethernet dans un environnement de réseaux à longue distance. Il faut dans ce cas transporter des trames Ethernet sur les réseaux maillés d’opérateurs comportant des routes multiples, largement plus complexes que de simples brins de réseaux locaux. Toute cette régulation de trafic est assurée par des équipements d’extrémité, routeurs et commutateurs. Les constructeurs rivalisent pour mettre sur le marché de tels équipements. Cisco et Extreme Networks revendiquent, pour l’instant, une longueur d’avance sur leurs concurrents.Certains utilisateurs ont commencé les premiers déploiements. Pour interconnecter ses trois centres d’hébergement parisiens, le Sfinx, le n?”ud d’échange Internet français, a préféré une solution sur des liens Ethernet plutôt qu’un anneau SDH. ” Nous sommes les premiers à avoir relié en Gigabit Ethernet nos 3 POP parisiens espacés de moins de 5 km les uns des autres “, explique Frank Simon, responsable technique chargé du Sfinx.Ethernet n’était cependant pas conçu à l’origine pour sortir du LAN et se limite de fait aux couches 1 et 2 du modèle OSI. Dépourvu des mécanismes de qualité de service nécessaires (QoS), son sort dans le WAN est lié à l’implémentation de ceux-ci dans le protocole IP. De plus, il doit surtout convaincre les opérateurs, ma”tres des réseaux WAN. “Rares sont les opérateurs ma”trisant la technique GigaEthernet. France Télécom n’a toujours rien”, remarque Fabrice Coquio, DG d’Interxion, hébergeur de services. Ethernet longue distance n’en est qu’à ses balbutiements.Les qualités d’Ethernet, simplicité, efficacité et faible coût, ont fait son succès sur le LAN. Étendues au MAN et au WAN, elles sont très séduisantes, à condition qu’elles ne soient pas altérées. En effet, Ethernet ne franchit les distances qu’avec IP qui doit, pour la circonstance, se renforcer en sécurité et en QoS : RSVP, DiffServ, MPLS, etc. Ces rajouts ne doivent pas en faire ” une usine à gaz “.
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