Certes, sur Facebook, vous avez 347 amis. Mais qui sont-ils ? Comment les avez-vous choisis ? Auraient-ils été vos amis hors réseaux sociaux ? Que leur mo’ntrez-vous de vous ? Une étude sociologique se
rapportant au niveau d’exposition des internautes sur les supports du Web 2.0 (blogs, réseaux sociaux, sites de partage de vidéos, etc.) tente quelques réponses.Elle a été menée par la société de conseil faberNovel, Orange Labs et la Fondation pour l’Internet nouvelle génération (Fing). Les résultats présentés ce mardi 1er décembre au matin tranchent un peu avec les discours habituels sur
l’exhibitionnisme et le manque de pudeur. Le Web 2.0, au contraire, prolonge la vie physique, on communique essentiellement avec ceux que l’on connaît déjà et on fait attention à ce que l’on dit et à ce que l’on montre.Réalisée en ligne selon un mode opératoire assez original, conçue comme un jeu et sans échantillon prédéfini,
Sociogeek (c’est le nom de l’étude) se base tout de même sur les réponses de 11 000 personnes, âgées en moyenne de 28 ans. ‘ En aucun cas, cette étude
n’est orthodoxe et elle est à interpréter avec prudence ‘, avertit Stéphane Distinguin, directeur de faberNovel (et lauréat du trophée 01net.pro 2008).On aimerait, par exemple, voir ce que l’étude donnerait sur une population de jeunes adolescents. Si elle n’est pas représentative des comportements de la population française sur le Web, cette étude donne quelques nettes
tendances.Grosso modo, l’étude, qui se déroule en ligne, présente plusieurs séries de photos dans diverses catégories et demande à l’internaute de choisir celles qu’il publierait sur son profil. Elle soumet ensuite plusieurs
critères et éléments de profil sur lesquels le testeur doit se prononcer. Assez nettement, il apparaît que les internautes rechignent à se montrer sous un jour négatif. Peu de photos ‘ trash ‘ (ivresse, blessures,
hospitalisation, défauts physiques). Mais aussi peu de clichés où l’internaute est en colère, malade ou triste. ‘ On cache la tristesse, c’est encore plus tabou que des photos d’enfants dénudés ‘, note
Dominique Cardon, sociologue à Orange Labs.
La fracture sociale persiste
L’exhibition sexuelle, ou simplement corporelle, n’est pas non plus très prisée. Les répondants sont aussi plus enclins à se montrer entre amis ou en couple qu’avec leur famille. Si exhibition il y a, elle est dans la faculté des
internautes à se mettre en scène (déguisements, grimaces, cadrage fantaisiste des photos…), et on la trouve plus sur MySpace que sur Facebook. ‘ On veut se montrer cool, festif, avec des amis ‘,
résume Dominique Cardon.Sans originalité, les internautes citent la photo comme le premier critère aidant à se faire un avis sur un profil membre d’un site communautaire. Le dernier étant le statut (sur Facebook ou sur les messageries instantanées, par
exemple). Entre les deux, rien que du classique : goûts littéraires et cinématographiques, diplômes, profession, loisirs, etc. Pour faire simple, si vous êtes beau, cultivé et photographe de profession, vous allez vous faire plus d’amis sur
Facebook qu’un consultant fan de tuning de voitures ou qu’une caissière de Monoprix.Plus étonnant, en revanche, l’étude n’établit aucune ‘ corrélation entre la fréquence d’usage des réseaux sociaux et le niveau d’exposition de soi, ajoute Daniel Kaplan, délégué général de la Fing.
Nous avions comme idée de départ que le Web 2.0 provoquait l’exposition. L’idée s’est révélée fausse. En revanche, il existe des stratégies de recherche de contacts qui poussent à s’exposer. ‘L’étude montre un autre phénomène, que l’on ne s’attendait peut-être pas à voir surgir là, la fracture sociale. Les comportements varient nettement selon le niveau d’études. ‘ Moins vous êtes diplômé, plus vous
acceptez les sollicitations et essayez d’attirer des “amis”. Cela correspond à la constitution d’un capital social ‘, estime Dominique Cardon. C’est peut-être cela l’enseignement principal de Sociogeek :
Facebook ou pas, les vieux clivages ont la vie dure. Alors si vous voulez atteindre les 347 amis avec votre brevet des collèges, il va falloir ramer un peu…
Faites le test sur
Sociogeek.com (environ 20 minutes)
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