Si l’on s’en tient aux prévisions du Forrester Research, les dépenses occasionnées par les projets d’échange de données informatisé (EDI – Electronic Data Interchange) ” classiques ” ne représenteront plus que 40 % du total des investissements consacrés au commerce interentreprises en 2005.Les 60 % restants correspondront à la mise en ?”uvre de systèmes de communication à base de technologies XML. S’acheminera-t-on alors vers une mort lente de l’EDI ? Certainement pas. En supposant – chose des plus improbables – que les grandes entreprises aient subitement dans l’idée de casser leurs actuels systèmes EDI pour les remplacer par de sophistiquées infrastructures logicielles internet/Java/XML, l’EDI subsistera, dans l’esprit sinon dans la forme.Si la communauté EDI regarde avec grand intérêt les technologies XML, c’est avant tout pour étendre son champ d’action. XML devrait permettre de refondre les protocoles applicatifs d’échange de données tout en préservant la sémantique des messages EDI.
EDI et XML appelés à cohabiter
Le problème de l’EDI, c’est qu’il est resté – du moins jusqu’à aujourd’hui – une affaire de grandes entreprises. L’usage combiné des technologies internet et XML devrait favoriser une large pénétration de l’EDI dans le tissu des moyennes, voire petites entreprises dont il était jusque-là exclu.Il devrait aussi aboutir à une meilleure intégration des échanges commerciaux dans les systèmes d’information. Voilà pourquoi les sponsors des technologies Edifact – tels que UN/Cefact (Centre pour la facilitation des procédures et pratiques dans l’administration, le commerce et les transports) pour les Nations Unies, Unece (United Nations Economic Commission for Europe) au niveau européen ou Edifrance en ce qui concerne la France – sont parmi les plus concernés par la mise au point de technologies ” EDI-XML ” et soutiennent les spécifications ebXML
(voir encadrés). L’ouverture et la démocratisation de l’EDI ont déjà une longue histoire. Cette technologie n’est pas, en elle-même, un modèle de standardisation, puisqu’elle avait éclaté en deux grandes familles de standards : Ansi X12 pour les Etats-Unis et Edifact pour le reste du monde.
Les EDI ” light ” ont fait leur chemin
Mais son plus lourd handicap était sa lourdeur de mise en place. De par ses services sécurisés et le fait qu’il s’appuyait – avant internet – sur des réseaux dédiés à valeur ajoutée (RVA), l’EDI est bien adapté aux flux d’échanges à moyens ou grands volumes. Cependant de nombreuses entreprises de taille modeste ne pouvaient, eu égard à leurs volumes de transactions, se lancer dans des investissements importants. On a d’abord pensé à promouvoir des formes “light” d’EDI.Ainsi, Edifrance maintient un groupe de travail EDI Light au sein de sa commission ” inter-sectorielle “. On a ensuite cherché à profiter d’internet en tant que vecteur de transmission de la messagerie EDI.Des sociétés telles que NYC (Net Yards Company) et Influe, en France, proposent donc des services EDI sur internet qui tirent parti de spécifications que l’IETF et son groupe de travail Ediint (EDI-Internet Integration) ont produites entre 1998 et 2000.Initialement, l’IETF cherchait à concevoir une extension Mime permettant d’encapsuler des messages EDI. L’organisme a ensuite été conduit à transposer vers internet certains services des réseaux RVA touchant à la sécurisation, à l’intégrité des transactions, etc. Mais quand il fut question d’implémenter sur internet l’ensemble des services de haut niveau que proposait l’EDI ” classique “, il est apparu que XML pouvait apporter beaucoup.
Les DTD peuvent transporter la syntaxe EDI
XML intéresse l’EDI pour les mêmes raisons qui font de ce métalangage, le moteur de la récente ingénierie BPI (Business Process Integration) : sa flexibilité, ses capacités à définir les données et les structures de documents et à s’appuyer sur des modèles de document DTD (Document Type Definition) pour simplifier les échanges de données.Chaque communauté EDI peut donc transposer sa propre syntaxe dans des documents DTD spécifiques. Mais ces perspectives séduisantes ont leur revers. De par ses caractéristiques intrinsèques, internet n’offre pas de mécanismes d’enregistrement des transactions, de validation ou d’archivage des messages. Qui plus est, les messageries électroniques et les outils génériques web ne comportent pas d’interpréteurs de la syntaxe EDI. Toute technologie ” EDI-XML ” digne de ce nom doit donc contourner ces écueils. C’est ce que prétend faire ebXML.
Plusieurs consortiums rallient ebXML
Standard lancé par l’association éponyme, elle-même émanation du UN/Cefact et de l’association de fournisseurs Oasis (Organization fot the Advancement of Structured Information Standards), ebXML devrait être finalisé à la mi-2001.Mais ce n’est pas la seule proposition technique s’intéressant à la problématique des échanges EDI. L’effervescence des développements XML peut d’ailleurs prêter à confusion, puisque d’autres projets – RosettaNet, BizTalk, xCBL, etc. – sont également en piste.La situation devrait toutefois se décanter rapidement, dans la mesure où certains consortiums – qui avaient mis au point leur propre framework de commerce électronique pour répondre rapidement à des besoins sectoriels précis – sont susceptibles de rallier ebXML.De ce point de vue, le support officiel que le consortium GCI ( Global Commerce Initiative) a apporté à ebXML en janvier dernier est des plus significatifs. L’association GCI, à laquelle est notamment affilié Gencod-EAN France, la branche française d’EAN International – promoteur du standard Edifact EAN du monde de la distribution -, représente 850 000 entreprises dans le monde. Elle compte utiliser ebXML en tant que sous-bassement de son infrastructure de communication B to B de nouvelle génération, GCIP (Global Commerce Internet Protocol).Le dernier coup de pouce étant prêt à être donné aux spécifications ebXML, il restera à les implémenter. Les fournisseurs de l’organisation Oasis ont encore beaucoup de pain sur la planche pour doter les progiciels d’interfaces ebXML et développer des référentiels ebXML. Certes, l’association ebXML commence à mettre sur pied des démonstrations d’interopérabilité réunissant éditeurs de middlewares et de progiciels. Mais comme il faudra parier sur une longue période de coexistence entre un EDI classique et un autre de nouvelle génération à la sauce ebXML, il faudra s’appuyer sur des passerelles de communication à canaux multiples.Aujourd’hui, de nombreux logiciels et middlewares de conversion/intégration – parmi lesquels figurent ECXpert, de iPlanet; STERLING:Process Integrator, de Sterling Software; Interchange de Cyclone Software -, mais aussi des frameworks – comme WebMethods BtoB Integration de WebMethods – et des plates-formes d’intégration d’applications disposent de capacités à véhiculer des flux EDI, EDI sur internet et XML.La prise en compte des échanges ebXML ne devrait, a priori, pas leur poser grand problème.
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