« Et si ce n’était que le début ? » pourrait titrer Marc Levy si l’idée lui venait de faire un livre de cette affaire. Hier, jeudi 6 juin 2013, une fuite révélait que l’opérateur américain Verizon avait été contraint de remettre les données relatives aux communications de tous ses abonnés à la NSA, l’agence nationale de sécurité américaine.
Dès la sortie de cette information, le Patriot Act, passé immédiatement après le 11 septembre 2001, était désigné comme le point de départ de ce genre de procédure plus ou moins secrète.
Pas nouveau
Hier, lors de l’émission Hardball, de la NBC, Pete Williams, correspondant judiciaire de chaîne américaine à Washington, prenait soin de mettre immédiatement cette révélation en perspective dans le temps : « La première question est de savoir si c’est nouveau. » commençait-il. « Les membres du Congrès, ici, nous disent que cela ne l’est pas. Ils nous disent que c’est un petit aperçu de ce qui dure depuis au moins sept ans ».
Verizon, AT&T, Sprint Nextel et les autres
Sept années, a minima, pendant lesquelles des « requêtes ou demandes ont été faites aux compagnies téléphoniques pour qu’elles communiquent des données à la NSA », continuait Pete Williams. Car, cette surveillance ne concernerait a priori pas seulement Verizon. C’est ce qu’avance également le Wall Street Journal dans un article publié aujourd’hui, vendredi 7 juin 2013.
Ainsi, AT&T et Sprint Nextel seraient également touchées par ces enregistrements. Attention, toutefois, il ne s’agit pas ici d’enregistrements des conversations téléphoniques. La NSA n’est donc pas capable de savoir ce qui a été dit pendant un appel listé. En revanche, la base de données est constituée du numéro de l’appelant, du numéro de l’appelé, de la durée de l’appel et de la localisation de chacun des correspondants pour les numéros fixes et mobiles. Cette liste concerne aussi bien les appels au sein des Etats-Unis que des appels à l’étranger.
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Une base de données pour quelle utilisation ?
Pete William, le correspondant de NBC à Washington, détaillait ensuite l’utilisation de cette base de données. « La seconde partie concerne ce que le gouvernement peut faire de ces données. Le programme est classé secret défense, donc on ne connaît pas tous les détails, mais ce que nous disent les membres du Congrès et les membres du gouvernement est que le gouvernement doit avoir un besoin précis pour accéder à cette base de données, il doit faire la démonstration de ce besoin. » Par exemple, si au cours d’une enquête un numéro de téléphone apparaît suspect dans une affaire terroriste, le gouvernement peut demander à consulter la base de données pour savoir si des appels ont été passés vers les Etats-Unis, au sein du pays ou vers l’étranger.
Plus que le téléphone
Mais selon certaines sources du Wall Street Journal, la surveillance de la NSA va plus loin encore. Ainsi, des données similaires seraient collectées chez les fournisseurs d’accès à Internet. Un autre pan de ce programme viserait également à collecter les informations bancaires sur tous les achats réalisés avec une carte de crédit… « La NSA utilise ses accès secrets aux communications de millions d’Américains pour repérer d’éventuels terroristes », déclaraient, au Wall Street Journal, des personnes proches du milieu des renseignements.
Contre le terrorisme
Interrogés par le quotidien économique, des sénateurs américains ont pris position en faveur de ce programme : « Tout le monde devrait se calmer et comprendre que cela n’a rien de nouveau », précisait ainsi le chef de la majorité démocrate au Sénat, Harry Reid, avant d’ajouter que c’est « pour lutter contre le terrorisme ». Une des sénatrices, Dianne Feinstein, membre de la commission sur le renseignement, continuait dans ce sens et indiquait que ce programme est légal et qu’il est renouvelé tous les trois mois par le Congrès. Selon elle, c’est un de ces renouvellements qui auraient fait l’objet d’une fuite dans le quotidien britannique, The Guardian.
NSA, FBI et Nations Unies
Ces révélations sur le programme de surveillance de la NSA tombent de manière quasi concomitante avec la découverte d’un programme commun entre l’agence de sécurité américaine et le FBI, baptisé PRISM. Ce PRISM est une porte ouverte pour les deux agences gouvernementales américaines sur les données générées par les sociétés de la high tech que sont, entre autres, Google, Apple, Yahoo!, Facebook et Microsoft. Il ne concerne, en revanche, a priori, que les informations produites par les étrangers, les non-Américains, dans leur utilisation d’outils dont le fonctionnement transite par les Etats-Unis.
Deux affaires qui font monter au créneau les associations et organisations de défende des libertés essentielles. Deux affaires qui explosent au moment où les Nations Unies viennent de rendre un rapport qui lie, pour la première fois, droit à la vie privée et liberté d’expression dans nos sociétés numériques. La violation de l’une ne pouvant qu’être un frein à la seconde.
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Sources :
NBC – Hardball
Wall Street Journal
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