Reprendre une dot-com à la casse ? ” C’est déjà difficile de monter une entreprise saine sans s’encombrer de carcasses d’autres compagnies. Des investisseurs comme les hedge funds [fonds spécialisés dans les obligations ou les créances de sociétés en redressement, NDLR] ou les experts en LBO [leverage buyout, rachat avec effet de levier] ont déjà fait quelques-unes de ces opérations ?” Interfase et Dr Koop (*), par exemple. Mais cela reste un business différent de celui des VC “, souligne Bill Reichert, le président du business angel Garage.com.Il est vrai que la masse des faillites a fini par épuiser les vrais vautours eux-mêmes, hedge funds et autres vulture funds (nommément fonds vautours, ceux-ci s’attaquent directement aux dettes des entreprises en difficulté). Les cessations d’activité ont été 9 fois plus élevé au cours du premier semestre 2001 que sur la même période 2000 (330 fermetures, contre 36 l’an passé), selon le recensement du site Webmergers.com. Juin a été sanglant, avec 53 faillites. Plus grave, l’e-commerce n’est plus seul en cause. Agences web (March First), fournisseurs d’accès internet (PSI Net), acteurs des télécoms (360 Networks) sont touchés, ce qui alourdit les ardoises.Sur les quatre premiers mois 2001, le montant des dettes impayées s’est monté à plus de 33 milliards de dollars (38,5 milliards d’euros), contre 30 milliards environ pour l’ensemble de l’année dernière. L’intérêt n’est pas de laisser couler ces sociétés, mais au contraire de les aider à se redresser car c’est à ce moment qu’ils payent de juteux dividendes.Les VC classiques, eux, se concentrent sur leur portefeuille, quitte à se payer quelques entreprises en mal de financement pour consolider l’un ou l’autre de leurs poulains. Fusionner des acquisitions bancales à des sociétés en portefeuille est devenu le sport courant pratiqué par les grands capitaux-risqueurs américains. Pendant ce temps, les investissements nouveaux fléchissent. La NVCA, l’association américaine du capital-risque, estime que le montant des financements réalisé par les VC au premier trimestre de cette année est ainsi redescendu au niveau de celui enregistré lors de la même période en 1999, soit 11,7 milliards de dollars. ” Nous avons tous des investissements qui battent un peu de l’aile et on s’associe alors d’autres VC pour essayer de sauver l’argent investi. Mais c’est parfois difficile car nombre de jeunes VC inexpérimentés, avec lesquels nous avons co-investi, préfèrent jeter l’éponge au lieu de se mettre au travail “, reprend Christine Commaford.En effet, ces jeunes VC sont arrivés sur le marché alors que tout allait bien et lorsqu’une idée, même la plus saugrenue, pouvait faire exploser le Nasdaq. À l’époque, il suffisait souvent de copier sur la concurrence pour réussir. Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui et ces VC ” en herbe ” ont donc pris peur et ont tout simplement stoppé net leurs investissements. ” Tandis qu’un VC expérimenté n’hésitera jamais à sauter sur une bonne opportunité “, indique Anthony Perkins, créateur du magazine Red Herring. Le marché des faillites, au bout du compte, ne reste fréquenté assidûment que par les industriels eux-mêmes. Et là, les prix peuvent parfois être conséquents, car ces repreneurs achètent du sur-mesure.Ainsi, Evineyard, spécialiste dans la distribution du vin, vient de reprendre à Sand Hill Capital, un VC de Menlo Park, des dépouilles de sa concurrente en faillite, Wine.com. Nom de domaine, contenu, liste de clients (210 000 environ), logos, ont été rachetés. ” Nous n’avons pas souhaité récupérer les centres logistiques, ni les produits de Wine.com. La transaction, en cash et en titres, est un nombre à sept chiffres “, affirme Brett Lauter, le responsable marketing dEvineyard. Comprenez, moins de 10 millions de dollars…
(*) Dr Koop, site web de santé, a été sauvé de la faillite par Interfase Capital qui lui a prêté 25 millions de dollars. Ce VC texan en a profité pour imposer son PDG et son board chez Dr Koop.
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