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Et si on oubliait un peu les SMS ?

La polémique lancée par Que Choisir sur le prix des SMS éclipse d’autres tarifs prohibitifs pratiqués par les opérateurs de téléphonie mobile, faute de véritable concurrence. Seule l’arrivée de nouveaux entrants pourrait
faire bouger les choses.

Ce n’est un secret pour personne : les abonnés au téléphone fixe ont largement financé la construction des réseaux de téléphonie mobile. Madame Michu, boulangère d’Aubervilliers, n’a peut-être toujours pas de
téléphone mobile [mais elle a un Minitel !, NDLR]. Mais si Orange, SFR et Bouygues Telecom étaient un minimum reconnaissants, ils graveraient son nom sur quelques pylônes. Car, c’est en appelant à prix d’or
ses copines pour organiser ses réunions Tupperware qu’elle a rempli les caisses des opérateurs mobiles. Et, en regardant le coût toujours prohibitif des appels du fixe vers les mobiles, on trouve un peu légère la polémique lancée par Que
Choisir sur le prix des SMS.Oui, les SMS sont trop chers. Pas la peine d’en discuter longtemps quand on voit qu’ils sont vendus deux fois moins chers dans d’autres pays européens. Mais les SMS ne sont que l’une des vaches à lait
développées par les opérateurs. Autre moyen de remplir leurs caisses : le roaming. Si vous êtes en déplacement à l’étranger et que vous recevez un coup de fil, vous serez facturé près d’un euro la minute,
minimum. Dans certains cas, le coût monte à 3 euros la minute.Comparez ces tarifs avec les tarifs d’appel depuis un téléphone fixe. Vous ne constatez pas une ‘ légère ‘ différence ? Amusant quand on sait que les appels internationaux, qu’ils soient à
destination d’un mobile ou d’un poste fixe transitent par les mêmes tuyaux, parfois sur la presque totalité du parcours. Le lecteur attentif de cette chronique pourrait donc se demander si les opérateurs français ne sont pas coupables
d’entente. Ils se verraient une fois par an au ski et se mettraient d’accord sur les tarifs à appliquer pour éviter que l’un ou l’autre tue la poule aux ?”ufs d’or à la suite d’une névrose marketing aiguë.Y a-t-il entente ou non ? Personne ne le sait. Une seule chose est sûre : en trois ans, le nombre d’abonnés au téléphone mobile a largement augmenté sans que les factures des consommateurs ne baissent véritablement, à
consommation constante. Pour sortir de l’ornière, il serait donc grand temps de créer à nouveau une véritable concurrence sur le marché de la téléphonie mobile. Comment : en forçant les opérateurs existants à sous-louer leur réseau, à
coût réel, à de nouveaux entrants.Si, comme ils le disent, Orange, SFR et Bouygues Télécom ne s’en mettent pas plein les poches, ils n’ont rien à craindre : les nouveaux opérateurs ne casseront pas les prix. Mais leur peur irrationnelle de voir
arriver des concurrents tendrait plutôt à démontrer l’inverse.* Rédacteur en chef adjoint de l’Ordinateur IndividuelProchaine chronique jeudi 17 juin

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Alain Steinmann*