Le dogme qui veut que chaque opérateur possède sa propre infrastructure fixe et mobile est-il en train de prendre fin ? Une étude du Centre sur la régulation en Europe (CERRE) tente de dégager les bénéfices et les inconvénients de cette pratique dans douze pays où elle a été expérimentée sur le continent.
Une meilleure couverture et qualité de service
« Notre analyse montre que le partage des infrastructures conduit à une couverture plus large et de qualité supérieure. Il permet une concurrence accrue et engendre des prix plus bas pour les consommateurs. La mutualisation facilite également l’entrée de nouveaux opérateurs sur le marché », concluent les auteurs, Marc Bourreau, Steffen Hoernig et Winston Maxwell.
Ils ont toutefois noté que des effets anticoncurrentiels pouvaient aussi survenir. Tout dépend des modalités de l’entente et ce sur quoi elle porte exactement. « Les détails de l’accord sont cruciaux, pour éviter les effets négatifs ». La mutualisation est plus équitable et efficace quand elle concerne des équipements passifs plutôt qu’actifs, lorsqu’elle ne couvre pas de grandes parties d’un pays ou qu’elle se trouve dans les zones rurales. Le partage des infrastructures nécessite enfin un déploiement plus rapide et des mises à niveau plus nombreuses qu’en absence de coopération.
Des résultats mitigés en France
L’étude évoque les initiatives françaises très encadrées de mutualisation dans le cadre du Plan France Très Haut Débit, du New Deal Mobile ou encore de l’entente Bouygues Telecom/SFR portant sur la 2G/3G/4G. Les auteurs se montrent sceptiques sur les bénéfices pour le réseau de fibre optique dans les zones moins denses, soulignant les difficultés à aligner les intérêts de tous sur une longue période de temps. Mais ils reconnaissent que concernant le réseau mobile, cela a permis de couvrir des régions qui ne l’auraient probablement pas été autrement.
Obliger les opérateurs à déployer leur propre réseau a longtemps été la priorité en France, de manière à maintenir une concurrence forte entre les différents acteurs. Mais cette position est remise en cause en raison de son impact environnemental et de son coût.
Vers une mutualisation de la 2G et de la 5G ?
L’Arcep se déclare beaucoup plus ouvert sur la question. Son président Sébastien Soriano a notamment évoqué la piste de mutualiser la 2G. Le gendarme des télécoms a également autorisé Free à prolonger de deux ans son accord d’itinérance 2G et 3G avec Free qui devait prendre initialement fin le 31 décembre 2020. Orange et Free ont, de plus, signé un accord sur les équipements passifs, afin de construire ensemble des pylônes dans les territoires ruraux.
La 5G pourrait enfin être concernée lorsqu’elle nécessitera de déployer beaucoup d’antennes dans la bande millimétrique des 26 GHz. Les opérateurs militent déjà pour cette solution.
Source : le rapport du CERRE
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