Une nouvelle drogue gangrène la société. Mais celle-là n’a un effet ni euphorisant ni antidépresseur. Elle se contente de résumer tout discours à un gros titre et une liste à puces. Vous l’avez reconnu, il s’agit de Powerpoint. Phénomène de mode ou réelle tendance, il n’est plus une présentation produit, institutionnelle ou commerciale où l’orateur ne dégaine ses “slides “.Avec les portables, l’outil s’est même imposé dès qu’une réunion dépasse trois personnes. J’exagère ? A peine. Aujourd’hui, les transparents ne servent plus d’appui au discours, mais de substitut. C’est la victoire de la forme sur le fond. On passe des heures à réfléchir à la couleur des titres et à choisir des images. J’en connais même qui, obnubilés par les effets de style, en oublient le propos de la présentation. D’autres maîtrisent l’outil, mais ne savent pas s’exprimer en public. La présentation n’est alors qu’une prothèse, un aide-mémoire. Elle n’existe que pour le bénéfice de l’orateur, pas de l’auditoire. Inexistant, le narrateur se contente de lire l’écran. Il traîne sur des détails. Et, faute de temps, se retrouve à évacuer le plus important à la fin, en quelques minutes. Une copie de la présentation aurait suffi.Mais un plus grand danger nous guette : la standardisation de notre façon de penser. Powerpoint est, en effet, truffé d’assistants, qui ont tendance à nous dicter ce que devrait être une présentation : “Cliquez ici pour le premier sujet. Bien. Maintenant, ajoutez un exemple de la vie courante. Bien, très bien…” Pas étonnant que la plupart des présentations se ressemblent. Et que le plus important soit souvent relégué à la fin. Ce ne sont que des variantes d’un modèle ou d’une présentation existants. Or, c’est de création qu’il s’agit. Pas de réplication ou de transformation.Apparemment, le pire est à venir. Après avoir sévi dans les salles de réunion, voici que Powerpoint débarque dans les salles de classe. Non pas dans les écoles de commerce ?” cela fait un bail qu’elles sont gangrénées ?”, mais dans les écoles élémentaires et au collège.Rassurons-nous, cela ne se passe encore quaux Etats-Unis. Mais ça fait froid dans le dos.
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