Le psychodrame du rachat de Twitter continue. Elon Musk a exigé de vérifier le nombre de faux comptes et de spams sur le total des utilisateurs avant de débourser les 44 milliards de dollars prévus pour rafler la plate-forme. Sauf que les spécialistes en data pensent qu’il n’est pas si facile d’analyser les données fournies, comme le souligne le Wall Street Journal.
Une tâche complexe
Elon Musk a accès au “Firehose” de Twitter, soit à l’intégralité du flux des tweets publiés. Sachant qu’il y a des centaines de millions de publications par jour, cela fait un sacré paquet d’informations à inspecter. Difficile de traiter un tel volume de données rapidement. Il faut recourir à des puissances de calcul conséquentes et disposer des experts adéquats. Cela prend du temps et demande des moyens. Ce qui explique que seule une douzaine de sociétés aient payé pour accéder au Firehose de Twitter ces dernières années.
Admettons que cet obstacle soit surmonté. Le protocole ne sera toutefois certainement pas le même que celui utilisé par Twitter, ce qui rendra les résultats impossibles à comparer. Twitter a déclaré que son calcul était basé sur de multiples examens humains de milliers de comptes échantillonnés au hasard, couplés à des données d’utilisateurs qu’il ne divulgue pas. Or, certaines informations critiques n’ont pas été fournies à Elon Musk comme les adresses IP ou les numéros de téléphone. Elles seules permettent de vérifier en dernier recours s’il s’agit de faux comptes ou de spams dans les cas litigieux. Le Firehose ne fournit également aucune indication sur les utilisateurs de la plate-forme qui lisent des tweets mais n’en publient pas. Il est possible dans ces conditions de passer à côté d’un bot dont le comportement sophistiqué ressemble à celui d’un humain. Tout comme on peut facilement disqualifier les tweets d’un média ou d’un service parce qu’ils sont en partie automatisés.
Les chiffres seront sûrement différents
Twitter et Elon Musk ne se sont pas non plus accordés sur la définition d’un faux compte ou des spams. Or, il n’y a pas de norme universelle. « Si Musk et son équipe décident qu’ils veulent trouver des résultats différents de Twitter, il leur sera très facile de le faire », a déclaré au Wall Street Journal Nathan Matias, expert en communication de l’Université de Cornell. Mais Twitter pourra tout aussi facilement disqualifier leurs conclusions. Difficile dans ces conditions pour Elon Musk de renégocier les termes de l’accord sur cette simple base.
Twitter estime à moins de 5% le nombre de faux comptes et spams. Un chiffre contesté par Elon Musk. Il a affirmé ces dernières semaines qu’il pourrait être supérieur à 20%. Il a en conséquence suspendu son acquisition en attendant que l’actuelle direction lui ouvre ses bases de données. L’interrogation demeure sur les intentions de l’homme d’affaires. Il est possible qu’il se soit saisi de ce sujet comme prétexte pour renégocier la transaction à la baisse. Il a même été suspecté de vouloir faire échouer la vente, ce qu’il nie.
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.
Source : The Wall Street Journal