Bien que Firefox ne cesse de s’améliorer, le navigateur continue de perdre des parts de marché. Au point, qu’Andreas Gal, entrepreneur et ancien directeur technique de la fondation Mozilla, dresse ce constat sans appel dans deux posts sur son blog : « Firefox est probablement voué à disparaître au cours des deux prochaines années, même s’il reste un produit utilisé par environ 90 millions de personnes et va encore générer des revenus importants pour Mozilla pendant un certain temps ».
Pour nourrir sa démonstration, Gal s’est appuyé à la fois sur des données piochées chez StatCounter et sur les chiffres publics de Mozilla. Deux sources qui montrent la même évolution : la baisse du nombre d’utilisateurs actifs de Firefox s’accélère depuis un an au profit de son rival Chrome.
Seuls 22% des installations de Firefox sur ordinateur sont actives un an après leur installation, ce qui représente une perte de 16 millions de personnes. La situation est différente concernant le mobile : le nombre d’utilisateurs actifs de Firefox est en augmentation mais les parts de Mozilla sur ce marché sont mineures.
Google utilise sa position de monopole pour appâter les internautes
Comment Google arrive-t-il si efficacement à rafler de nouveaux internautes ? Réponse avec ces captures d’écran empruntées par Andreas Gal à Chris Lord, ingénieur chez Mozilla. Elles se passeraient presque de commentaires.
Les multiples services de Google (mail, calendrier, YouTube, etc.) font sans cesse la promotion du navigateur Chrome auprès de ceux qui ne l’utilisent pas, avançant qu’il est plus sûr, plus fiable, plus rapide et avec des mises à jour intégrées.
Le message « Google vous recommande d’utiliser Chrome » prête même à confusion, incitant les internautes à croire qu’ils pourraient se retrouver en danger en continuant à se fourvoyer avec d’autres navigateurs, voire que Chrome est le seul acteur leur permettant d’accéder à certains services. Il n’est donc pas étonnant que Google convertisse autant de gens grâce à ce matraquage marketing systématique.
« Firefox est simplement la victime du besoin de Google d’augmenter ses profits dans un marché relativement stagnant », juge Andreas Gal. Etant donné que le marché des navigateurs pour ordinateur ne croît plus, Chrome ne peut que rafler aux concurrents ses nouveaux adhérents pour continuer à progresser.
Mozilla doit continuer à se battre pour un Internet ouvert
Cela ne relèverait absolument pas d’un problème d’ingénierie. « Firefox est aujourd’hui aussi bon que Chrome dans la plupart des cas, et le dépasse même dans certains (utilisation de mémoire par exemple) », constate Andreas Gal.
Firefox a apporté beaucoup améliorations et migré son moteur de rendu vieillissant Gecko vers la nouvelle technologie Quantum qui s’appuie en partie sur le moteur de rendu expérimental Servo. Ce qui lui permet aujourd’hui de charger plus rapidement les pages Web. Il a aussi développé le langage de programmation Rust, très prometteur et « qui pourrait devenir la seconde contribution la plus importante de Mozilla », selon Gal. Enfin, Mozilla reste activement engagé dans l’élaboration de standards ouverts du Web (Webassembly et WebVR). C’est aussi le navigateur libre qui a le plus longtemps résisté à la volonté de certains acteurs d’intégrer des DRM, des verrous numériques, dans les standards du Web.
« La bataille pour un Internet ouvert est loin d’être terminée », conclut Andreas Gas. Sans compter que la fondation compte encore de nombreux atouts technologiques dans sa manche. Elle pourrait survivre à la mort de Firefox et continuer à lutter pour opposer des garde-fous à la domination de Google sur le Web. Car la vraie question est bien de savoir si le Web, tel qu’il doit être, pourrait survivre, lui, à la disparition de Firefox ?
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