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Et maintenant quoi ?

On nous aura tout vendu, les e-Machins et les m-Trucs, le CRM, le SCM et l’EIP, les OPE en milliards de dollars, les paradigmes et le click-and-mortar, les cow-boys et les indiens, la troisième révolution industrielle. Et maintenant que reste-t-il ?

Pendant qu’aura duré l’euphorie, on aura donc tout eu. Pour se faire entendre, il fallait parler plus fort que son voisin, pour se faire remarquer être plus nouveau. Pour satisfaire le public et les investisseurs, les uns aussi avides que les autres, il fallait toujours plus : plus de vision, plus de concepts, plus d’acronymes, de fusions-acquisitions, d’alliances stratégiques et de produits révolutionnaires.L’industrie high-tech nous a gavés jusqu’à l’implosion. Les ” méga ” sont devenus ” giga ” et les ” giga “” téra “. A force de plus, on est arrivé au trop. Il y a trop de PC, trop de fibre optique, trop de capacités de stockage, trop de serveurs d’application.Tout est surdimensionné. C’est notre bande passante intellectuelle qui n’a pas suivi : on n’en pouvait plus, on n’en voulait plus. Et pourtant, il faut bien qu’ils continuent à vendre des choses, tous ces gens-là. Il faut bien aussi que ceux qui ont des produits vraiment nouveaux, vraiment utiles, vraiment intéressants puissent se faire entendre.Mais comment ? Les discours visionnaires ne sont plus crédibles. La nouveauté technologique ne fait plus recette. Les bonnes nouvelles financières, en plus d’être rares, sont sujettes à caution après l’affaire Enron.Par défaut, la plupart des entreprises se sont rabattues sur la mise en avant de clients satisfaits et sur les performances ” réelles ” de leurs produits (“ We make the net work”, déclare Sun, “Unbreakable “, clame Oracle) : quand on ne peut pas faire nouveau, on fait pareil mais qui marche. Ou bien des arguments de boutiquiers sont avancés.Retour sur investissement (ROI), coût total de possession (TCO), nouvelles tarifications : quand on ne peut pas faire nouveau, on fait pareil mais moins cher. Sans minimiser l’intérêt de tels arguments pour les entreprises, surtout en période de restriction budgétaire, force est de constater que tout cela n’est pas bien excitant.On apprécie la sagesse de ces discours, on peut se féliciter de leur adéquation avec les préoccupations des entreprises plutôt qu’avec celle des investisseurs, mais il n’en demeure pas moins qu’on ressent une étrange impression de flottement.Cette industrie qui était depuis toujours en avance rapide semble aujourd’hui en pause. Cette industrie qui s’exprimait au futur parle désormais au présent. Pour la première fois, elle ne semble pas avoir d’autre horizon que le marécage économique dans lequel elle est engluée, et d’autre objectif que d’en sortir.D’ici un à deux semestres, peut-être aura-t-elle retrouvée la terre ferme de la croissance. Mais alors il faudra qu’elle fasse vraiment preuve dimagination, car elle ne pourra pas toujours répondre au futur par un joker.Prochaine chronique jeudi 7 mars

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Jean-Baptiste Dupin