La troisième génération de téléphones mobiles est pour demain. Pour preuve, Ericsson, Nokia ou Motorola n’ont pas hésité à sortir leur artillerie lourde à l’occasion du salon Telecom 99, qui s’est déroulé à Genève cet automne. Ce rendez-vous a scellé l’union de la voix, des données et de la vidéo, et d’Internet sur l’autel de la téléphonie mobile. Ce marché se révèle très alléchant, les ventes de terminaux sans fil devant, en effet, passer de 137 millions, en 1999, à plus de 400 millions d’unités en 2004. Sur ce total, les Smart phones, ou téléphones ” intelligents “, représenteront 26 % des ventes, selon l’étude Wireless Internet réalisée par le cabinet Ovum en 1999.
Une technologie unifiée difficile à faire émerger
Les opérateurs vont donc devoir faire évoluer leurs infrastructures, qui ne sont pas encore prêtes à fournir la bande passante nécessaire. Parallèlement, les fabricants de composants et les développeurs d’applications auront à conjuguer leurs talents pour adapter les terminaux à cette nouvelle donne. Ainsi, Lucent Microelectronics, Motorola, Philips Semiconductors, ST Microelectronics (qui ?”uvre en étroite collaboration avec Nokia, par ailleurs allié à Texas), Texas Instruments, et la firme américaine Qualcomm y travaillent déjà. Si les premiers occupent l’essentiel du marché, le dernier s’est taillé une solide réputation sur le marché américain en introduisant la norme de téléphonie mobile CDMA (Code division multiple access), massivement utilisée sur ce continent. S’appuyant sur le développement de DSP (Digital signal processings) de plus en plus complexes, ces industriels cherchent aujourd’hui à combiner plusieurs fonctions. Qualcomm et Lucent Microelectronics ont lancé des composants mixant téléphonie mobile et GPS (Global positionning system), la puce Mobile Station Modem, de Qualcomm, incluant un système de repérage géographique GPS. D’autres, tel Philips, font preuve de leur savoir-faire au niveau de l’écran. Enfin, un effort considérable est également fourni en termes de mémoire et de batterie. Revers de la médaille, un nouveau c?”ur DSP doit être développé pour presque chaque nouvelle application, ce qui rend difficile l’émergence d’une technologie uniiée. Ce souci est également partagé par les éditeurs de logiciels. Sur ce créneau, les coûts de développement sont de plus en plus lourds. Une tentative de standardisation des plate-formes a déjà été lancée et des alliances se sont nouées. Le pôle principal, Symbian, réunit, entre autres, Ericsson, Motorola, Matsushita (Panasonic), Nokia, et Psion. Créé en juin 1998, Symbian développe Epoc, le système d’exploitation de l’organiseur de poche commercialisé par Psion. Epoc est mis à la disposition d’autres sociétés par un système de licences. ARM, Cirrus Logic, JavaSoft, Philips et Oracle ont signé un accord avec Symbian. A cette liste, il faut encore ajouter 3Com (par l’intermédiaire de sa filiale Palm), NTT DoCoMo (émanation de NTT, l’opérateur japonais des télécoms), et Sun Microsystems. Ce dernier incorpore la technologie Java au sein d’Epoc.
Deux systèmes d’exploitation s’affrontent : Epoc et Windows CE
Com, qui a rejoint Symbian, à la surprise générale, lors du dernier salon Telecom Genève, compte lancer des produits s’appuyant sur l’interface Palm (avec stylet et écran tactile) et mettant en ?”uvre Epoc. Ce concept permettra à la prochaine génération de téléphones portables et aux assistants personnels numériques d’accéder aux services Internet via des liens GSM. Sun, lui, espère déployer des services pour ces mêmes terminaux sans fil de troisième génération, sur des réseaux W-CDMA. Microsoft pousse Windows CE. Pour couvrir l’Europe, il s’est allié à BT et a séduit NTT DoCoMo pour l’Asie. Quant au secteur américain, il est couvert par l’alliance Wireless Knowledge, un joint-venture entre Microsoft et Qualcomm, leader des terminaux et des équipements CDMA. A terme, Microsoft et BT créeront un Data center sous Windows NT, Internet Information Server et Exchange Server. Ce centre de données sera accessible à partir de tout terminal sans fil. Cette alliance du géant de Redmond et de BT confère au premier une excellente couverture pour le marché européen. En effet, BT est présent en France à travers SFR, en Espagne avec Airtel, et au Royaume-Uni avec Cellnet. Pour tous ces acteurs, l’objectif reste le même : assurer l’accès aux données, qu’elles soient situées sur Internet ou sur l’Intranet de l’entreprise, via un micronavigateur. Le but avoué est de fournir les mêmes options de consultation à partir d’un téléphone mobile aussi bien qu’à partir de son ordinateur de bureau. Telecom 99 a d’ailleurs été le reflet de la compétition que se livrent les big three que sont Ericsson, Motorola et Noki
Téléphone, agenda et navigateur : des terminaux tout en un
Ericsson a dévoilé un téléphone acceptant un minuscule clavier amovible. En effet, le talon d’Achille des mobiles reste indubitablement les outils de saisie. Qualcomm a dévoilé le QCP 3G, un prototype qui est doté d’un système de visioconférence ainsi que d’un navigateur Internet. En ce qui concerne le WAP (Wireless application protocol), les premiers téléphones sont déjà disponibles chez Alcatel, Ericsson, Motorola, Nokia, Siemens et Sony. Tous ces appareils s’appuient, pour le moment, sur le micronavigateur de Phone.com (ex-Unwired Planet, à l’origine du protocole WAP). Cette société propose une suite de trois modules, baptisée UP.Applications. Le premier module, UP.Mail, émet et reçoit des e-mails à partir de mobiles. Cette opération s’effectue en conservant le même compte de messagerie électronique que celui du bureau. Le message électronique peut être doublé et dirigé vers un fax pour en conserver une copie sur papier. Le deuxième, UP.Organizer, transforme le téléphone mobile en assistant personnel, avec liste d’adresses et carnet de rendez-vous. Ces informations peuvent être synchronisées avec un ordinateur. Le troisième, UP.Web, est destiné aux opérateurs. Il permet de déployer des services Web pour les abonnés, et de synchroniser leurs agendas. Le téléphone mobile devient ainsi un second bureau.
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