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Et l’Oscar 2020 du meilleur perdant est attribué à… Netflix

Bien partie pour rafler un maximum de prix, la plate-forme de streaming n’aura finalement, une fois encore, pas brillé lors de la 92e cérémonie des Oscars. 

Deux sur 24. La copie de Netflix n’a pas convaincue le cinéma américain. Alors que la plate-forme de streaming aurait pu gagner 24 statuettes, elle n’est repartie, dimanche 9 février, qu’avec deux oscars. Un bel échec pour les trois super productions nominées au casting de stars et gros budget.

Succès en ligne avec 13,2 millions de spectateurs en cinq jours aux Etats-Unis après son lancement, The Irishman, de Martin Scorsese, avec Robert De Niro, Al Pacino et Joe Pesci, n’a raflé aucun prix malgré ses dix nominations, dont celles de meilleur film et réalisateur.
Le blockbuster Netflix au 160 millions de dollars de budget est reparti bredouille face au film coréen Parasite, sacré meilleur long-métrage et réalisation. Autre déception pour la plate-forme américaine : Les deux papes, de Fernando Meirelles, avec Anthony Hopkins et Jonathan Pryce, n’a pas non plus été récompensé. C’est Joaquin Phoenix, pour son rôle dans le Joker, qui a reçu la statuette dorée.

« Merci Netflix ! »

Sur ses six nominations, le film Marriage Story, avec Scarlett Johansson et Adam Driver, n’a remporté qu’une seule récompense, celle de la meilleure actrice dans un second rôle pour Laura Dern.
Ironie des nominations, elle a reçu une accolade de Scarlett Johansson, sa partenaire dans ce film aux 18 millions de dollars de budget, mais sa concurrente dans la catégorie, sélectionnée pour Jojo Rabbit. « Merci Netflix ! » a-t-elle lancé, visiblement émue, au milieu des traditionnels remerciements. Ce « merci » anodin illustre à quel point la plate-forme de streaming s’est fait une place parmi les grands du 7e art.

https://twitter.com/TheAcademy/status/1226696163711012864

Le couple Obama à l’honneur

Plus inattendu, c’est dans la catégorie du meilleur documentaire que Netflix a remporté son deuxième prix dimanche soir. Déjà récompensé au festival Sundance, American factory a été produit par la maison de production de Barack et Michelle Obama, Higher Ground Productions, en collaboration avec Netflix. Le documentaire, réalisé par les cinéastes Julia Reichert et Steven Bognar, retrace l’épopée de travailleurs de l’automobile de l’Ohio, États-Unis, mis à pied pendant la récession de 2008 puis rachetés par une entreprise chinoise.

À la question est-ce que Netflix est légitime pour concourir aux Oscars, l’Académie des arts et sciences du cinéma composée de 8 500 votants avait tranché en avril 2019. La seule condition ? Que le film soit diffusé pendant «  une durée minimum de 7 jours dans un cinéma de Los Angeles, avec au moins trois projections payantes par jour ». 

Netflix va-t-il tuer le cinéma ?

Cette place grandissante traduit une évolution du support cinématographique. Entre 2015 et 2018, la fréquentation des salles obscures par les 25-49 ans a diminué de 20 %, selon les chiffres du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC).
De plus en plus de personnes boudent les cinémas, préférant la vidéo à la demande qui représente 60 % du marché de la vidéo en 2018. Outre la fréquentation, la production de film pâtit également de la concurrence féroce du streaming. Lorsque Netflix investit 17 milliards d’euros en production, le CNC dépense un milliard. Le combat est donc déséquilibré.

Le lobby ne suffit pas encore à inverser la tendance

Néanmoins, les poches très profondes de Netflix ne semblent pas pouvoir tout résoudre. Jusqu’à présent, Netflix a été nominé davantage que d’autres studios. Ainsi, lors des Golden Globes, le service de streaming aurait pu récolter 17 récompenses et n’en a eu finalement qu’une, attribuée cette fois encore à Laura Dern pour son rôle dans Marriage Story. L’histoire s’est répétée pour la cérémonie des Screen Actors Guild, avec sept nominations et une seule récompense. Toujours pour Laura Dern.

Pour les Oscar, Netflix avait misé gros, très gros. Selon le Wall Street Journal,  le géant américain aurait investi environ 100 millions de dollars dans différentes campagnes de lobbying, la majorité des fonds allant à The Irishman et Marriage Story. On sait désormais avec quel succès.
A titre de comparaison, les studios plus traditionnels dépensent entre cinq et 20 millions de dollars par film pour ce genre de campagne.

Scott Stuber, responsable des créations cinématographiques originales pour Netflix, a indiqué que cette estimation était bien trop haute et précisé que les investissements de sa société ont été « très pertinents ». Au vu des résultats, peut-être pas tant que ça…

Sources : The Hollywood Reporter et The Wall Street Journal

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Marion Simon-Rainaud