Vous pensiez que vos vacances au ski allaient vous permettre de cesser d’être constamment devant votre smartphone, faute de réseau ? Pas si sûr : selon une étude de la société Mozark, spécialiste de la mesure des réseaux télécoms, les hauts sommets français sont désormais très bien connectés à la 4G et à la 5G.
L’entreprise (ex-Qosi) a effectué des mesures dans 15 stations des Alpes, pendant deux périodes : une première lors de « la basse saison », du 9 décembre au 20 décembre 2024, et une seconde durant « la haute saison », du 26 décembre 2024 au 3 janvier 2025, soit en plein pic de fréquentation. L’idée : mesurer l’expérience moyenne vécue par un utilisateur qui serait passé, avec un smartphone 4G ou 5G, par ces villages des Alpes, pendant ces deux périodes : Méribel, Les Arcs, Courchevel, L’Alpe D’Huez, Les deux Alpes, La Plagne, Montgenèvre, Les Menuires, Chamonix, Megève, La Clusaz, Tignes, Serre-Chevalier, Val Thorens et enfin Val d’Isère.
En arrière-plan, l’objectif était surtout d’observer comment les réseaux 4G et 5G des quatre opérateurs, Bouygues Telecom, Free Mobile, Orange et SFR, ont plus ou moins bien « résisté » à l’affluence, en comparant les mesures prises en plein pic avec celles enregistrées en basse saison.
Des progrès depuis l’année dernière
Pour mener à bien leur étude disponible sur le site de l’entreprise, des équipes de Mozark se sont munies de 16 Samsung Galaxy S24 neufs. Pour chacun, deux profils clients ont été créés : un abonné à un forfait 4G et un abonné 5G. Pendant que ce dernier pouvait monter sans problème sur la 5G, tout en rebasculant sur la 4G si la 5G n’est pas accessible, le premier correspondait à un utilisateur qui n’aurait eu qu’un abonnement 4G.
Les techniciens de Mozark ont pris des mesures statiques ou en mouvement en bas des pistes, en haut des remontées, dans des parties du village. En tout, entre 10 et 15 points par station ont été identifiés. Une fois sur le lieu de mesure, plusieurs tests ont été réalisés. À côté de la qualité des appels – très satisfaisante – et sur laquelle nous ne nous attarderons pas, des tests de latence, de débits descendant et montant, de chargement de pages web, et de streaming vidéo ont été effectués. Ce sont près de 48 592 mesures qui ont été prises pour la haute saison, et 20 972 pour la basse saison.
Premier enseignement, l’étude montre « une excellente connectivité des stations de ski » des Alpes. Adieu donc la retraite subie ou recherchée des sports d’hiver, exit le « j’ai plus de réseau » ou « je capte mal ». Selon Fabien Renaudineau, co-PDG et co-fondateur de Mozark, « il y a une homogénéité, aussi bien entre les stations (de ski) qu’entre les opérateurs ou presque ». Des résultats qui constituent une nette progression par rapport à l’année dernière où l’entreprise avait effectué des mesures similaires. Douze mois plus tôt, les résultats étaient plus « disparates » – ils n’ont d’ailleurs pas été publiés.
Globalement côté opérateurs, la tendance est la suivante : Orange est en moyenne toujours en tête, mais talonné de très près par SFR et Bouygues, « blanc bonnet et bonnet blanc ». Free reste un peu en deçà, notamment sur la 5G.
Excellent accès au réseau 5G
Et c’est d’ailleurs ce sur quoi les techniciens se sont d’abord concentrés. L’idée était ici de savoir si les téléphones censés être reliés à la 5G étaient bien reliés à la 5G – sans basculer sur la 4G, y compris en haut des sommets. Mozark a donc mesuré ce qu’on appelle le « pourcentage d’accroches en 5G », ce qui donne une indication de la couverture mais qui ne traduit pas forcément une expérience client parfaite.
Et sur l’ensemble des mesures, les résultats sont sans équivoque. On s’approche d’un taux d’accroche en 5G en moyenne supérieur à 80 % chez les quatre opérateurs, avec l’exception de certains villages comme la Clusaz où Bouygues Telecom et SFR ont des résultats surprenants.
La 5G n’était disponible pour ces deux opérateurs que dans respectivement 21,5 % et 26,2 %, soit bien en dessous des performances relevées dans les autres stations qui sont supérieures à 80 %. Une panne pourrait expliquer ces chiffres – l’information n’a pas été confirmée officiellement.
À Serre Chevalier (45 %) et aux Deux-Alpes (48 %) c’est Free qui présente des résultats, bien en deça de la moyenne. Mais à l’exception de ces quatre éléments, les profils 5G, qui paient pour avoir de la 5G, se retrouvent bien, en majorité, sur ce réseau puisque presque tous les taux oscillent entre 80 et 100 %, y compris pendant les pics de fréquentation.
La navigation web : près de 90 % de réussite pour les 4 opérateurs
Une fois l’accès au réseau 5G mesuré, Mozark a cherché à évaluer chez les opérateurs nos usages les plus fréquents, à commencer par la navigation sur le Web. Concrètement, 10 pages Web ont été lancées à chaque point (lieu) de mesure.
Et leur chargement a été réalisé en moins de cinq secondes dans la majorité des cas. Pour la 5G en période de grande fréquentation (haute saison), Orange est en tête (93,9 % de succès de chargement de la page, en moins de 5 secondes) et Free pas très loin derrière, mais en dernière position (89,6 %) après Bouygues (91,9 %) et SFR (91,3 %). Sur cette mesure, les opérateurs sont donc au coude à coude, et les écarts que l’on pouvait constater quelques années plus tôt se sont bien resserrés.
La qualité du streaming : un quasi sans-faute
Mozark a ensuite cherché à lire une vidéo 720p (en haute définition) d’une minute sur les smartphones, toujours dans les différents points des stations de ski. L’objectif était ici d’évaluer la qualité de la lecture, la mise en mémoire tampon, et le temps d’exécution. En période « haute », les vidéos streaming ont été téléchargées en 720p, en moins d’une minute et sans aucun problème dans 95 % des cas pour la 5G, et dans 90 % des cas pour la 4G – en moyenne.
Cette fois, c’est Free et SFR qui dominent le classement pour la 5G pendant le pic de fréquentation (96,3 %), talonnés de près par Orange (95,6 %) et Bouygues (95 %). Les opérateurs se distinguent un peu plus si on se penche sur la vitesse de téléchargements.
Des débits moyens descendants au top, avec Free à la traîne
Côté débits descendants (la vitesse de téléchargement ici observée pour un fichier de 250 MB), Orange est toujours le 1ᵉʳ du podium pour la 5G (en saison haute) avec des performances de 206,2 Mbit/s, suivi par le duo SFR (197,2 Mbit/s) – Bouygues Telecom (187,8 Mbit/s), Free étant loin derrière (76,2 Mbit/s).
Côté débit descendant 4G, Orange présente encore les performances les plus élevées (67,1 Mbit/s), suivis de très près par Bouygues (58,1 Mbit/s), SFR (54,8 Mbit/s) et Free (38,9 Mbit/s).
On note donc un vrai gain lorsque l’on passe de la 4G à la 5G avec des performances qui doublent pour Free et qui triplent pour Orange, SFR et Bouygues. Pourquoi Free est-il moins performant que les autres opérateurs, selon ces mesures ? Outre des retards dans l’optimisation des réseaux qui pourraient l’expliquer, la société de Xavier Niel dispose de moins d’antennes 5G 3,5 GHz (dite « vraie 5G ») que les autres, selon le site de l’Agence nationale des Fréquences (ANFR), l’établissement public qui gère le domaine public des fréquences radioélectriques. En septembre 2024, Free se positionnait comme le dernier en nombre « d’antennes 5GNR3500 techniquement opérationnelles » avec 6 947 antennes 5G 3,5 GHz, contre 8 314 pour Bouygues Telecom, 8 681 pour SFR, et 10 401 pour Orange.
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Des débits montants toujours un peu en deça
Côté débits montants (l’envoi de fichiers, de photos), là aussi, pas de surprise : ils présentent toujours des performances bien plus basses que les débits descendants, notamment parce qu’en règle générale, nous consommons essentiellement de la bande passante descendante (streaming/téléchargement de musique, de vidéos). Dit autrement, nous envoyons beaucoup moins de fichiers lourds que nous en recevons.
Pendant les pics de fréquentation, Orange est toujours premier avec 34,7 Mbits/sec pour la 5G, exæquo avec SFR, suivi par Bouygues (31,3 Mbits/sec) et Free (18,5 Mbits/sec). Si vous comptez faire une visio en haut des pistes, qui nécessite autant de l’envoi que de la réception, cela devrait amplement suffire. À compter d’une vingtaine de Mbits, on obtient une visio « de qualité moyenne », nous précise Fabien Renaudineau, qui codirige Mozark. Comprenez : de qualité suffisante pour participer activement à une réunion virtuelle.
Pour le PDG, ces bons résultats s’expliquent aussi par la coexistence de la 4G et la 5G, dont l’un (5G) permet à l’autre (la 4G) d’être performant, sans être saturé. Reste que toutes ces mesures ont été prises avec une grande inconnue : la charge exacte que subissent ces réseaux, en période de pointe. Sur ce point, les opérateurs n’ont pas encore communiqué dans quelle mesure leurs fréquences étaient empruntées : les vacanciers et saisonniers consomment-ils vraiment autant de données passantes qu’en ville ? Une fois assis sur leur télésiège, ou debout sur leur ski, restent-ils rivés à leur smartphone, passant d’une vidéo à l’autre ou d’un post à l’autre sans jeter un œil au paysage ? L’étude ne répond pas à la question.
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