S’il y a un marché qui n’est pas en crise, c’est bien celui des ASP (Application Service Providers) : selon le cabinet d’études américain IDC, en effet, il va grossir de 258 millions de dollars en 2001 à 6,5 milliards en 2006. Ce qui représente une croissance annuelle moyenne de 91%. L’institut français Idate, lui, est encore plus optimiste : il annonce 7,8 milliards de dollars à l’horizon 2005. Ces prévisions sont à la fois plausibles et étonnantes. Plausibles, car l’ASP focalise sous cette appellation toutes les tentatives des entreprises de sous-traiter une partie de leurs applications informatiques pour diminuer les investissements et acquérir plus de souplesse. En fait, on ne sait plus très bien alors quelle est la différence entre ASP, sous-traitance et externalisation. Les entreprises, en tout cas, espèrent que le coût final de ce mode opératoire sera inférieur à leur fonctionnement actuel. Ce qui n’est pas tout à fait sûr. En même temps, une telle prévision de croissance nous étonne, car il s’agit d’un domaine où les technologies et les services associés sont loin d’être arrivés à maturité. Allez donc faire un tour sur le site aspobjects.com, et vous comprendrez l’étendue du problème ! De plus, nombre de petits acteurs qui s’étaient lancés sur ce créneau ont disparu, victimes du retournement du marché. On met de tout sous le vocable ASP, qui rappellera aux anciens ce que l’on nommait à l’époque le service bureau. Et, parfois, on y mélange des technologies avérées mais non entièrement sécurisées (internet) avec d’autres, prometteuses mais en devenir ?” les composants métier, par exemple. D’autres paradoxes existent : pour réduire les coûts, l’entreprise peut vouloir utiliser un hébergement mutualisé, de type Linux ou Windows. Mais, alors, elle n’aura pas le droit à la moindre application exotique ! La vraie économie du modèle ASP ne jouera à plein que lorsque tous les éléments de la chaîne, et notamment les services web, seront bien huilés. C’est loin d’être le cas aujourd’hui.
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